Selon son avocate, Beghal aurait parlé sous la «pression». Le procès de l'islamiste franco-algérien Djamel Beghal, et six autres islamistes soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat contre l'ambassade des Etats-Unis à Paris, s'est ouvert lundi dernier devant le tribunal correctionnel de Paris. Ces hommes sont tous poursuivis pour le chef d'inculpation d'«association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme» puni d'une peine maximale de dix ans de prison. Djamel Beghal, 39 ans, et son coaccusé Kamel Daoudi, 30 ans, avaient séjourné dans les camps islamistes d'Afghanistan, selon l'accusation. Pourtant, Beghal, en dépit de ses divergences idéologiques avec Daoudi, est parvenu à l'enrôler dans son projet d'attentat contre l'ambassade des Etats-Unis à Paris. A l'audience, le principal accusé s'est présenté comme «un musulman (...) à fond musulman», pas membre d'un groupe radical. Avant d'apporter une précision de taille, que si certains de ses amis sont des islamistes, ce sont d'abord «des amis». Selon son avocate, Beghal aurait parlé sous la «pression». Elle est allée jusqu'à parler de «torture» sur son client. Le prévenu, quant à lui, a basé sa stratégie de défense sur celle préparée de concert avec son avocate. Beghal, lors du premier jour du procès, n'a pas encore été interrogé sur les faits mais seulement sur son parcours. Contrairement à la conclusion des enquêteurs, le prévenu a contesté appartenir au «Takfir wal Hijra». Il a même déploré avoir l'impression d'être face à «un tribunal d'inquisition», provoquant immédiatement une réaction d'indignation du président. L'accusé ne se reconnaît pas non plus dans le terme «radical» employé par le président, comme il ne reconnaît pas une de ses relations en Grande-Bretagne. Selon l'accusation, l'attentat contre l'ambassade des Etats-Unis à Paris a été préparé au printemps 2001 en Afghanistan. Pour la justice française, «l'affaire Beghal» s'ouvre précisément quand le chef présumé du groupe revient d'Afghanistan. Le 7 septembre 2001, la Direction de la surveillance du territoire (DST) communique une note au parquet de Paris. Selon l'accusation, le prévenu s'est rendu en Afghanistan en novembre 2000 pour y suivre une formation à l'usage d'explosifs et au maniement d'armes ainsi que des cours de religion. Sur place, il aurait rencontré des proches d'Oussama Ben Laden et notamment le fameux Abou Zoubeida, interpellé au Pakistan en mars 2002. Au printemps 2001, Abou Zoubeida lui confie la mission de retourner en France pour constituer un groupe terroriste visant les intérêts américains. Dans ce but, il doit camoufler ses activités en créant une société commerciale en France, louer une maison avec garage et acheter un véhicule pour l'attentat-suicide. Ce projet devait être mené à bien par un kamikaze tunisien, Nizar Trabelsi, un ancien footballeur professionnel et djihadiste en Afghanistan, interpellé en Belgique le 13 septembre 2001.