L'islamiste franco-algérien Djamel Beghal, 39 ans, a été condamné hier à Paris à 10 ans d'emprisonnement, la peine maximale prévue, pour avoir créé en 2001 une association de malfaiteurs terroristes pour s'attaquer aux intérêts américains en France. Le tribunal correctionnel de Paris a condamné les cinq coprévenus de Djamel Beghal à des peines allant de 1 à 9 ans de prison : Kamel Daoudi s'est vu infliger 9 ans, Nabil Bounour et Abdelkrim Lefkir 6 ans, Rachid Benmessahel 3 ans et Johan Bonte 1 an. “Le tribunal n'a pas encore expliqué son jugement, il s'est contenté de distribuer les peines. Mais infliger la peine maximale de 10 ans de prison dans un dossier sans preuves nous paraît être une parodie judiciaire”, a déclaré l'un des avocats de Djamel Beghal, Me Jean-Alain Michel. “Les aveux de Djamel Beghal ont été extorqués et n'ont jamais été confirmés par les faits”, a-t-il répété. Selon lui, son client “devrait probablement légitimement faire appel”. Son coprévenu Kamel Daoudi devrait faire de même selon l'avocat de ce dernier, Me Frédéric Bellanger. À l'issue du procès, qui s'est tenu du 3 janvier au 16 février dernier, le procureur de la République avait demandé la condamnation des six hommes à des peines allant de 5 à 10 ans d'emprisonnement, requérant la peine maximum pour Djamel Beghal et Kamel Daoudi. Les avocats, admettant que les prévenus se connaissaient et partageaient des convictions islamistes radicales, ont souligné la faiblesse de l'accusation, allant jusqu'à dénoncer un dossier “manipulé” par le juge d'instruction antiterroriste Jean-Louis Bruguière. Au départ de l'instruction, à la veille des attentats du 11 septembre, les enquêteurs soupçonnaient Djamel Beghal — installé dans la zone pakistano-afghane où se situent les camps d'entraînement d'Al-Qaïda et arrêté quelques semaines plus tôt aux Emirats arabes unis —, d'avoir reçu l'ordre de l'un des lieutenants de Ben Laden de monter un groupe terroriste en France. Il devait commettre, courant 2002, un attentat contre l'ambassade américaine à Paris. Les enquêteurs tenaient leurs informations du contre-espionnage français et d'interrogatoires de police de Beghal aux Emirats arabes unis. Cependant Beghal conteste toutes les accusations portées contre lui et affirme avoir été torturé durant les interrogatoires à Dubaï. R. N.