La mort du grand cinéaste Ingmar Bergman est survenue «calmement et doucement», a annoncé, lundi, sa fille Eva Bergman à l'agence de presse suédoise TT. Selon le plus important journal suédois, Dagens Nyheter, Bergman s'est éteint lundi matin, vers 7h (5h GMT). Né le 14 juillet 1918 à Uppsala, au nord de Stockholm, Ingmar Bergman a réalisé au fil de sa longue carrière plus de quarante films, dont Cris et chuchotements (1972), Scènes de la vie conjugale (1974), Sonate d'automne (1978) ou encore son œuvre-testament Fanny et Alexandre (1982). Les obsèques se tiendront en présence de ses amis et de sa famille à une date non encore précisée, selon TT. Les rumeurs sur la santé déclinante du cinéaste étaient persistantes depuis plusieurs mois. En octobre, il avait subi une opération de la hanche dont il ne s'était pas remis. Il vivait seul et retiré du monde, le plus souvent dans son île de Faarö (l'île aux moutons), inconsolable de la mort de sa dernière femme Ingrid von Rosen, en 1995. «Faarö était mon amour secret», écrit-il dans son autobiographie Laterna Magica, en parlant du coup de foudre qu'il eut dans les années 1960 pour cette île plate où ciel et mer se mêlent. Il y fit construire la maison où il est mort, un studio où il tourna, notammment, Comme dans un miroir et Le silence. Outre son œuvre cinématographique, Bergman aura été toute sa vie un homme de théâtre et a monté de nombreuses pièces, notamment celles de son idole de jeunesse, August Strindberg. Sa carrière débute par le théâtre dans les années 1940 avec un stage de mise en scène à l'Opéra de Stockholm. Puis, il est engagé en 1960 comme metteur en scène du prestigieux Dramaten, le théâtre royal d'art dramatique. En 1945, il décide que le seul moyen moderne de s'exprimer est le cinéma : «Faire des films est pour moi un instinct, un besoin comme celui de manger, de boire ou d'aimer», déclare-t-il. Sa carrière cinématographique couvrira toute la seconde moitié du 20e siècle, contemporain notamment de Federico Fellini, Luis Buñuel ou Akira Kurosawa. Grand cinéphile, il aimait le cinéma américain des années 1940 et aussi les films français des années1930 et 1940. Son œuvre a marqué plusieurs générations de cinéphiles et de cinéastes. L'Américain Woody Allen lui voue un véritable culte. En 1955, Bergman connaît son premier succès international avec Sourires d'une nuit d'été, une comédie grinçante. A partir de la fin des années 1950, ses films deviendront de plus en plus noirs sur des couples en crise, des êtres déchirés par un Dieu absent. Cinéaste des femmes, il donnera leurs plus beaux rôles à des actrices comme Maj Britt Nilsson, Harriett Andersson, Eva Dahlbeck, Ulla Jacobsson et Liv Ullmann. Il aura des aventures amoureuses avec plusieurs de ses actrices et il se mariera cinq fois et aura neuf enfants en reconnaissant qu'il n'avait pas la fibre très paternelle. Longtemps boudé en Suède, ce n'est que récemment qu'il a été reconnu comme un grand maître du cinéma chez lui. Un prix Bergman est désormais accordé aux jeunes talents du cinéma lors des équivalents des Oscars suédois. Par ailleurs, l'acteur Michel Serrault est décédé dimanche soir, à l'âge de 79 ans, des suites d'une longue maladie, à sa résidence de Honfleur, en Normandie, récipiendaire de trois César, il était un des acteurs français les plus populaires, célèbre pour ses talents comiques mais à l'aise également dans le registre dramatique. Né le 24 janvier 1928 à Brunoy (ex-Seine-et-Oise) dans une famille modeste et très chrétienne, il entre à 14 ans au petit séminaire de Conflans. Il tente alors de faire cohabiter ses deux passions: «faire rire et m'occuper de Dieu». Il choisit l'univers du spectacle mais n'abandonnera jamais la foi. Pendant vingt ans, Michel Serrault accumule les rôles plus qu'il ne les choisit véritablement, qualifiant d'«exercice de style» ses prestations dans de nombreux «navets». A la fin des années 1970, ses personnages commencent à s'étoffer et on le voit dans des rôles dramatiques comme Pile ou face de Robert Enrico en 1980, Garde à vue de Claude Miller en 1981 (son deuxième César) ou On ne meurt que deux fois de Jacques Deray en 1985.