Les Palestiniens reprennent aujourd'hui le chemin de la capitale égyptienne pour un nouveau round du dialogue dit de la réconciliation. Vaste et ambitieux chantier, mais pas irréalisable, même si le fossé est de plus en plus profond entre les différents protagonistes, principalement le mouvement islamiste, Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza depuis juillet dernier, et son rival de toujours, le Fatah, qui a disparu de ce territoire. Trop de sang oppose les deux formations, puisqu'elles ont conquis ou défendu chaque parcelle de territoire et chaque institution au prix d'affrontements que l'on croyait difficilement envisageables entre Palestiniens. Mais l'histoire enseigne que cela est possible, comme cela s'est passé dans les années 1970 et 1980 avec la guerre des camps au Liban ou tout simplement des liquidations physiques. Plus que cela, ces deux formations s'affrontent sur le terrain de la légitimité, puisque le Hamas rappelle souvent que le mandat du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a expiré au mois de janvier dernier. Cela rend d'autant plus difficile ce dialogue qui vise, notamment, à la formation d'un gouvernement d'entente. La question est évoquée avec insistance avec l'approche de tractations concernant la question palestinienne et plus précisément le prochain voyage aux Etats-Unis de Mahmoud Abbas à l'invitation du président américain. Barack Obama, rappelle-t-on, revient souvent sur la position américaine en faveur de deux Etats, déjugeant, de ce fait, le Premier ministre, israélien Benyamin Netanyahu, et son ministre des Affaires étrangères, fermement opposés à la création d'un Etat palestinien. Autant dire que les Palestiniens ont tout intérêt à présenter au monde une toute autre image que celle de deux parties qui règlent leurs contradictions à coups de canons. Avant la reprise de ces négociations, sous supervision du chef des renseignements égyptiens, Omar Souleïmane, les délégations des partis rivaux Fatah et Hamas, qui sont arrivées au Caire, doivent avoir des entretiens séparés avec des responsables égyptiens de sécurité. La délégation du Fatah est menée par l'ancien Premier ministre, Ahmad Qorei, et celle du Hamas, par Moussa Abou Marzouk, n°2 du bureau politique du mouvement islamiste. La nouvelle session du dialogue de « réconciliation » sera difficile, a déjà prévenu, samedi, un représentant du mouvement Hamas. « Cette session sera la plus difficile, compte tenu de l'immobilisme » constaté durant les précédents rounds qui n'ont pas permis d'avancées, a déclaré Ghaza Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas. Cette session « sera la dernière, s'il n'y a pas d'accord entre les deux parties », a, pour sa part, prévenu un responsable de l'OLP à Ramallah (Cisjordanie). En cas d'échec, a dit à ce responsable qui a requis l'anonymat, l'alternative pour le président Mahmoud Abbas serait de donner mandat au Premier ministre démissionnaire, Salam Fayyad, en vue de la formation d'« un nouveau gouvernement, en invitant toutes les parties palestiniennes à y participer ». Salam Fayyad devait quitter ses fonctions fin mars, mais a ensuite annoncé qu'il resterait en poste en attendant l'issue du dialogue de réconciliation. Le Hamas et le Fatah du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, peinent à faire avancer le dialogue de réconciliation lancé le 10 mars, au Caire, en vue de la formation notamment d'un gouvernement d'entente. Le 2 avril, les deux parties ont suspendu leurs pourparlers pour trois semaines. Quelques jours plus tard, l'Egypte a proposé que les mouvements rivaux suspendent les négociations sur un gouvernement d'union et créent plutôt un comité chargé de coordonner deux cabinets rivaux. De l'issue du processus dépend, notamment, la reconstruction de la bande de Ghaza, dévastée par une offensive israélienne du 27 décembre au 18 janvier, qui a coûté la vie à plus de 1400 Palestiniens. Ne traitant qu'avec l'Autorité palestinienne, la communauté internationale refuse de parler au Hamas tant qu'il ne reconnaît pas Israël et ne renonce pas à la violence, et exclut que l'aide à la reconstruction de Ghaza passe par lui. Cette communauté a promis 4,5 milliards de dollars pour la reconstruction de Ghaza et la relance de l'économie palestinienne. Cette communauté fait tout pour que le Hamas ne touche pas à ce pactole, mais il constitue pourtant l'autorité de fait. Mais en parlant argent, on a souvent tendance à perdre de vue l'essentiel. Y pense-t-on ? Les Palestiniens, eux, le font et même plus souvent qu'on ne le pense. Ils savent que leur cause avancera, quand il y a aura unité.