Trois personnes ont trouvé la mort et treize autres ont été blessées dans une explosion de gaz survenue dans un immeuble de la cité Boulkeroua, située à la périphérie sud de la ville de Skikda. L'incident a eu lieu dans la soirée de samedi dernier quand, à 22h35, une forte déflagration a soufflé un appartement du rez-de-chaussée de l'immeuble 10 de la cité. La déflagration était si forte, elle a d'ailleurs été vivement ressentie sur un vaste périmètre de la ville, que les habitants de la zone basse de la ville ont cru qu'il s'agissait d'une explosion de la plateforme pétrochimique. L'intensité du souffle, dont les traces étaient encore visibles hier, a carrément dénudé l'appartement. Même le sol de deux pièces s'est totalement affaissé pour sombrer dans les caisses des vides sanitaires pleines d'eaux nauséabondes. Les trois victimes qui étaient, au moment de l'explosion, dans une même pièce se sont retrouvées dans le vide sanitaire. Deux d'entre elles, un homme de 41 ans et une femme de 37 ans, ont été repêchées par les éléments de la Protection civile aux environs de minuit. Un troisième corps, celui d'une femme âgée de 40 ans, n'a été repêché qu'hier vers 6h. Sont-ils morts des effets de la déflagration ou par noyade ? Personne n'a été en mesure d'apporter une réponse et l'on attend l'autopsie pour en savoir davantage. Les autres membres de la famille qui se trouvaient eux aussi dans l'appartement au moment de l'explosion ont été seulement blessés. « Nous étions dans la cuisine au moment de l'explosion, les autres étaient dans la pièce à côté », témoigne, en pleurs, l'une femme blessée, toujours en état de choc, dans l'ancien hôpital de Skikda. Quand on lui a demandé si la fuite de gaz a été signalée, elle répond automatiquement : « Oui, nous avons alerté Sonelgaz depuis plus de deux semaines. On leur avait dit qu'on sentait une forte odeur chez nous, mais on n'a eu aucune réponse. » « Elle est vraiment choquée et bien que physiquement elle n'accuse aucune affection, nous avons préféré la garder encore en observation », dira la psychologue. Côté blessés, on compte treize personnes. Deux ont été transportées vers l'ancien hôpital et les onze autres vers le nouveau CHU. A l'heure où nous mettions sous presse, seules quatre personnes étaient encore en observation. Ce drame a jeté un grand émoi parmi le voisinage et la colère était hier très présente aussi bien parmi les survivants de la famille concernée par ce drame que dans la cité. « C'est de la négligence pure et simple. Sonelgaz a été saisie à plusieurs reprises il y a plus d'une semaine, mais on a préféré laisser les choses s'envenimer et aujourd'hui voilà le résultat. » Ce sont les propos d'un habitant de l'immeuble qui ajoute que l'odeur du gaz était devenue persistante dans le bloc. « Moi j'habite au 5e étage et, croyez-moi, il m'arrivait de sentir cette odeur. On a alerté Sonelgaz, mais personne n'a daigné se déplacer », a-t-il dit. Sonelgaz à l'index Plusieurs autres témoignages versant tous dans la même version sont apportés par les voisins. Un membre de la famille concernée directement par cette explosion confirme les dires de ses voisins. Contacté, le directeur de Sonelgaz dira : « Ce qui est arrivé est regrettable. Cependant, je tiens à déclarer de façon catégorique qu'aucune réclamation ne nous est parvenue au sujet d'une éventuelle fuite au niveau de cet immeuble. J'ai consulté tous les registres et j'ai même épluché les listes des appels téléphoniques parvenues au standard et, croyez-moi, aucune trace d'une réclamation relative à cette adresse n'a été trouvée. Je ne voudrai pas polémiquer au moment où une famille vit un drame, mais je confirme mes dires. Vous savez, les fuites de gaz sont un sujet trop sensible pour qu'on s'amuse à ne pas réagir. » Au sujet du vecteur direct de cette explosion, le directeur se contentera de dire : « Pour le moment, je préfère ne pas m'aventurer quant à l'origine réelle de cet incident. Il faut attendre les résultats de l'expertise et des investigations enclenchées. » Par ailleurs, l'impact de l'explosion qui s'est limité à une seule pièce qui, à vue d'œil, ne disposait d'aucune canalisation de gaz, a été très commenté hier. La pièce où se trouvaient les trois victimes est la plus altérée. Son plancher s'est affaissé et son plafond porte les traces d'un fort impact. Il a été comme poussé par une grande force de bas en haut. D'ailleurs la pièce similaire de l'appartement de l'étage du dessus a été aussi touchée puisque son plancher a subi des dommages. Où se situerait la fuite de gaz, puisque les autres pièces, qui sont les plus exposées, ont été épargnées ? Certains techniciens en bâtiment, rencontrés hier sur les lieux, estiment que ce serait dans les vides sanitaires que se serait accumulé le gaz. Des hypothèses qu'il appartient aux enquêteurs d'élucider. On apprend par ailleurs que l'APC de Skikda s'est réunie hier en urgence pour décider d'une aide financière à apporter à la famille. Cet argent devrait servir de moyens pour meubler le nouvel appartement mis à la disposition des sinistrés.