Adapté en kabyle par un groupe de jeunes originaires de Aïn El Hammam, le film d'animation de Carlos Saldanha, Age de Glace 1 et 2, a rencontré un succès qui s'est propagé comme une traînée de poudre à travers la Kabylie. Dans les cours de recréation des écoles et des lycées, sur les terrasses des cafés ou dans les réunions d'amis ou de famille, il est désormais courant d'entendre fuser des répliques du film, devenues cultes, ou bien encore les noms de Pucci, Mascara, Shaâtoff et Micha, les personnages du film, devenus familiers aux grands comme aux petits. Le succès de l'adaptation est tel que l'on peut parler d'un véritable phénomène de société. Ce succès a, néanmoins, commencé comme une plaisanterie entre copains. A l'origine donc, quatre amis versés dans le graphisme, le son et le montage décident de doubler un film d'animation en kabyle sans trop se prendre au sérieux. « On parlait de notre village », dira Samir Aït Belkacem, l'un des piliers de la bande que nous avons joint au téléphone. Le film met en scène les aventures d'un paresseux gaffeur et vantard, d'un mammouth à la recherche de l'amour de sa vie et d'un smilodon, ou tigre à dents de sabre, un peu retors à la fin de l'ère glaciaire, au milieu d'une foultitude de personnages tous aussi truculents les uns que les autres. Le produit fini passe alors de main en main avant de franchir les frontières du village. « Les échos qui nous parvenaient nous ont encouragés à entreprendre une véritable œuvre d'adaptation. D'ailleurs, nous préférons parler d'adaptation à nos propres référents culturels que de doublage proprement dit », dira encore Samir. Parallèlement à ce succès, des rumeurs d'emprisonnement des auteurs de l'adaptation ont également couru de manière persistante, ajoutant un voile de mystère à une entreprise audacieuse, comme si, quelque part, des forces occultes voulaient les punir d'avoir autant de talent. Des rumeurs qui font franchement rire Samir Aït Belkacem qui préfère plutôt mettre l'accent sur les difficultés rencontrées pour décrocher une autorisation de doublage de la part des producteurs du film original. Le succès du film Pucci 1 et 2 prouve qu'un créneau et un marché existent bel et bien pour l'adaptation en kabyle d'œuvres cinématographiques, d'autant qu'une télévision berbère vient juste d'être lancée par les pouvoirs publics. C'est ce que soutiennent mordicus les auteurs du Pucci kabyle qui, en l'occurrence, se sont regroupés en studio professionnel pour s'attaquer à d'autres films comme Les Tortues Ninja. Malgré le vide juridique, les difficultés rencontrées au niveau de l'ONDA et le manque de moyens financiers, l'équipe vient de refaire l'adaptation de Pucci 1 qui avait été réalisée, aux tout débuts de l'aventure, sans trop y croire. La sortie est prévue aux alentours du 5 juillet prochain. En attendant, Pucci au délicieux accent de Aïn El Hammam, n'a pas fini de faire parler de lui.