Le président Abdelaziz Bouteflika n'a pas reçu, hier, le prince héritier d'Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane, en visite de deux jours en Algérie. L'audience prévue au programme a été annulée à la dernière minute, en raison de l'état de santé du chef de l'Etat. Selon un communiqué de la présidence de la République, l'annulation de cette rencontre est due à une «grippe aiguë», dont a été victime le président Bouteflika. «Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'a pu recevoir, comme prévu, le prince héritier d'Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane, en visite de travail en Algérie, à cause d'une grippe aiguë», affirme la même source, dans un communiqué rendu public en fin d'après-midi et diffusé par l'APS. Et d'ajouter : «Alité du fait d'une grippe aiguë, Son Excellence le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'a pu recevoir comme prévu le prince héritier d'Arabie Saoudite, Son Excellence Mohammed Ben Salmane, en visite de travail en Algérie.» Devant cet empêchement, ajoute la même source, «l'illustre invité a formulé ses meilleurs vœux de prompt rétablissement pour le chef de l'Etat». Mohammed Ben Salmane, dont la visite en Algérie a été contestée en raison de son implication présumée dans l'affaire de l'assassinat en Turquie du journaliste Jamal Khashoggi et les massacres commis contre les Yéménites, est reparti sans pouvoir rencontrer le chef de l'Etat. Remake du Scénario Merkel L'annulation de cette audience rappelle un scénario similaire qui s'est produit en 2017 : l'annulation, à la dernière minute, de la visite officielle en Algérie de la chancelière allemande, Angela Merkel. Toujours en raison de l'état de santé du chef de l'Etat. A l'époque, la présidence de la République avait évoqué «une indisponibilité temporaire» du président Bouteflika, victime d'«une bronchite aiguë». La responsable allemande a dû surseoir à son voyage, une heure seulement avant son décollage à destination d'Alger. Il a fallu attendre plus d'une année pour reprogrammer la visite qui a eu lieu en septembre 2018. Ces annulations de rendez-vous officiels confirment, on ne peut plus clairement, que l'état de santé du Président, victime d'un accident vasculaire cérébral en 2013 dont il garde de graves séquelles, ne connaît pas d'amélioration, comme l'avait prédit son entourage. On le constate à chacune de ses apparitions publiques. Les images que diffuse la télévision publique, seul média autorisé à le filmer lors des rencontres officielles, ne prêtent pas à l'optimisme. Elles sont tout simplement insoutenables. Sa dernière apparition à l'occasion du 1er Novembre, anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération nationale, a suscité moult interrogations sur sa capacité à gérer le pays. Les séquences du recueillement à la mémoire des martyrs au cimetière El Alia, à Alger, où on voit Abdelaziz Bouteflika dans son pire état, sont éloquentes. En effet, au moment où les chefs des partis qui gravitent autour du pouvoir appellent à «la continuité», synonyme de 5e mandat, le président Bouteflika apparaît de plus en plus affaibli, au point de ne pouvoir se tenir sur son fauteuil roulant sans être attaché par des sangles. Une humiliation pour sa personne et pour l'Algérie, devenue la risée du monde. Mais il semble que cette situation n'a pas offusqué les tenants du pouvoir qui manœuvrent pour le maintenir aussi longtemps, voire à vie, à la tête de l'Etat. Quitte à imposer au pays un autre quinquennat à blanc…