Ces 16 personnes ont été interpellées jeudi à l'aérodrome d'Abéché, principale ville de l'Est tchadien, alors que l'association française Arche de Zoé s'apprêtait à faire embarquer dans un avion à destination de la France 103 enfants de cette région à cheval entre le Tchad et le Soudan. Les autorités avaient annoncé dès jeudi que les neuf Français – des membres de l'association et trois journalistes – étaient en garde à vue, mais n'avaient pas encore précisé le statut de l'équipage espagnol. Les autorités tchadiennes ont accusé verbalement les responsables de l'opération d'«enlèvement» et de «trafic» d'enfants. Le président tchadien, Idriss Deby Itno, qui a promis de les sanctionner «sévèrement», s'est même demandé vendredi s'ils avaient l'intention de «vendre» les enfants ou de «les tuer et enlever leurs organes». En France et à l'étranger, l'Arche de Zoé se trouve au cœur d'une intense polémique sur ses intentions réelles. Ses dirigeants affirment avoir monté l'opération pour «sauver de la mort» des «orphelins» affectés par la guerre civile au Darfour (ouest du Soudan). Les enfants sont bien «orphelins» et les Tchadiens «étaient au courant» de l'opération, a assuré un pilote belge, qui a transporté ces 81 garçons et 22 fillettes âgés d'un à huit ans jusqu'à Abéché, ces dernières semaines. Les enfants devaient être «accueillis» par des familles en France, moyennant finances, selon une source diplomatique. De son côté, un responsable de l'Arche de Zoé, Christophe Letien, a reproché à Paris de n'avoir jamais clairement interdit l'opération : «On nous a laissés faire jusqu'à la fin.» Or, la secrétaire d'Etat française aux Affaires étrangères et aux Droits de l'homme, Rama Yade, a assuré à plusieurs reprises que la France avait tout fait pour «interdire» l'opération. Depuis juillet, la police française est chargée au sujet de l'Arche de Zoé d'une enquête de suspicion d'activités d'intermédiaires en vue de l'adoption ou du placement de mineurs auprès des familles françaises.