Estimant insupportables les critiques dont il a fait l'objet, Daniel Bouton espère néanmoins que son départ contribuera à ramener la sérénité au sein de l'entreprise. « Comme tout dirigeant, j'ai certainement commis des erreurs et j'ai pu être maladroit, je le reconnais. Mais les critiques dont je suis la cible sont devenues insupportables », a-t-il déclaré au Figaro. Paris/ De notre bureau Secoué l'année dernière par le scandale Jérôme Kerviel, du nom du trader qui a fait perdre à la banque près de 5 milliards de dollars et récemment par un autre mauvais placement financier de valeurs mobilières qui risque de coûter encore à la banque la bagatelle de 2 à 10 milliards d'euros, Daniel Bouton a fini par payer les conséquences d'une gestion hasardeuse et approximative, notamment en ces temps de crise. Tête de Turc de Nicolas Sarkozy, ce dernier n'a jamais raté une occasion pour rappeler au PDG de la Sogen son devoir de responsabilité vis-à-vis du scandale Kerviel. Des piques qui ont fini par le fatiguer. « Il existe clairement une hypersensibilité depuis cette affaire, reconnaît Daniel Bouton. Et je regrette de n'avoir pas pu convaincre l'opinion, notamment les jeunes sur internet qu'il ne s'agissait de rien d'autre que d'une vulgaire fraude commise par un dissimulateur de grand talent (Kerviel, ndlr), qui a mis en risque des dizaines de milliards d'euros. » Après l'affaire Kerviel, le PDG de la Société Générale a présenté sa démission. Or, le conseil d'administration a refusé qu'il parte, pis, il a décidé de lui confier les pleins pouvoirs pour augmenter le capital de la banque et la conduire vers de nouveaux profits. Mais c'était sans compter sur les critiques incessantes émanant du cercle politique et de l'opinion publique, mécontents de voir que des banques sauvées de la faillite grâce à l'argent des contribuables continuent à prendre des risques financiers inconsidérés ou leurs gestionnaires profiter de bénéfices mirobolants. C'est le cas d'ailleurs de Daniel Bouton, qui avait pris plus de 2 millions d'euros en stocks options il y a quelques mois seulement. A la tête de la Sogen depuis 1997, Daniel Bouton s'est dit fier d'avoir accompagné et soutenu des clients français et étrangers (banques et entreprises) et embauché des milliers de jeunes de toutes origines. « La Sogen est un beau navire avec un bon capitaine, armé pour affronter la période extrêmement ventée du moment. » Il parle sans doute de Frédéric Oudéa, 45 ans, son possible successeur.