«Ziani était même prêt à jouer au poste de gardien» A tête reposée et l'esprit tranquille après une éprouvante Coupe d'Afrique, le sélectionneur national, Rabah Saâdane, est revenu hier matin, lors de l'émission «Football magazine» de la Chaîne III, animée par notre confrère Maâmar Djebbour, sur ce tournoi continental qui a vu l'Algérie prendre la 4e place parmi les 16 équipes engagées dans cette compétition qui s'est déroulée, rappelons-le, en Angola du 10 au 31 janvier. Dressant un bilan sur la participation des Verts, cheikh Saâdane a mis à nu certaines choses qui ont été dites par-ci par-là. Il a tenu à démentir les rumeurs qui faisaient état de certains cadres de l'équipe qui imposaient leur choix, pour ne pas dire leur loi sur lui. Agacé par cette histoire, surtout que certains ne s'empêchent pas d'avancer que Saâdane ne maîtrise pas le groupe, le premier responsables de la barre technique de l'EN réaffirme qu'il est le seul maître à bord. C'est lui qui décide qui doit jouer et qui doit rester sur le banc. Une ingérence dans sa stratégie n'a été relevée ni par ses joueurs ni d'autres personnes d'ailleurs. Il explique, néanmoins, qu'il y a une communication et des échanges de vues entre lui et ses poulains uniquement pour l'intérêt de la sélection. «Avant toute chose, je tiens à dire qu'aucun joueur ne s'est immiscé dans mon travail et qu'aucun élément n'a imposé ses choix sur moi. J'aligne toujours les plus performants et surtout les plus aptes à jouer, et ce, en fonction bien sûr du nom de l'adversaire et des besoins de l'équipe. Je vous affirme qu'il existe une grande confiance entre mes joueurs et moi et chacun respecte mes décisions. Chacun connaît ses limites. Comme je l'ai souvent dit, il existe des détracteurs qui veulent tout faire pour nous nuire et créer des tensions au sein de l'équipe. Ils ne savent même pas ce qui se passe à l'intérieur. N'empêche, ils n'arrêtent pas de nous déstabiliser et rapportant n'importe quoi. Il faut que les gens sachent que l'EN est en progression constante et il ne sert rien de la perturber.» «J'assume la défaite du Malawi» «Pour revenir à ce premier match de la CAN face au Malawi, je le répète pour la énième de fois, n'avaient été les conditions difficiles et insupportables dans lesquelles on a évolué, on aurait jamais perdu de cette façon-là. Toute l'équipe était dépassée ce jour-là et je n'ai rien reproché aux joueurs qui ont pris part à cette rencontre. J'avais rassuré mes poulains en leur disant que je comprenais parfaitement leur rendement. Par la suite, j'avais déclaré que j'assumais entièrement cette défaite dans le but de protéger mon groupe et d'éviter toute dérive qui nuira à la suite de notre parcours. Par la suite, le président Mohamed Raouraoua est venu et a réuni tout le monde durant 5 minutes afin de remotiver les joueurs et les inciter à se racheter lors des deux prochaines rencontres. Tout le monde s'est remis au travail. C'est ainsi qu'on a bien préparé notre match face au Mali et celui d'après contre l'Angola. J'ai apporté aussi quelques modifications dans le dispositif tactique et le choix de certains joueurs par apport au match face aux Malawites qui se sont révélés par la suite très positifs, puisqu'on s'est qualifiés au 2e tour.» «Les joueurs qui contestent mes choix sont automatiquement exclus du prochain stage» Toujours sur le plan disciplinaire et du règlement intérieur, Saâdane avertit : les joueurs qui ne font pas partie de ses plans et contestent ses choix se verront automatiquement exclus des prochains stages, sans qu'il n'y ait tapage médiatique. C'est le cas du joueur de l'ESS, Hadj Aïssa. Pour ce qui est de Lemmouchia, le sélectionneur n'a pas voulu trop en parler. «Je suis quelqu'un qui prône la discrétion. Quand je vois que certains joueurs ne font pas partie de mes plans et affichent un mécontentement déstabilisateur, soyez-en sûrs qu'ils se verront automatiquement écartés lors des prochains regroupements sans que cela ne fasse la une des journaux. Je maîtrise bien la situation et je sais ce que je fais. Pour ce qui est du cas de Lemmouchia, je préfère ne pas trop en parler, car c'est un cas social et très spécial. Il a regagné son domicile pour des raisons familiales et c'est tout.» «J'ai été franc avec les joueurs dès le départ» Et de poursuivre : «Avant notre départ au stage du Castellet, j'ai réuni l'ensemble des joueurs et je leur ai expliqué les règles du jeu à respecter. J'avais dit que dans ce tournoi - et ce sont les statistiques qui parlent - que je vais utiliser 14 à 16 joueurs parmi les 23 présents. Je leur ai clairement signifié aussi que celui qui n'accepte pas de rester remplaçant et qui ne se sent pas à l'aise qu'il se manifeste dès maintenant et on le laissera partir. Les choses étaient claires dès le début et les règles du jeu étaient bien établies. Tout se base sur la confiance, il y a certes des joueurs cadres dans l'équipe, mais je vous assure qu'ils n'ont aucun pouvoir de décision sur quoi que ce soit et chacun fait son boulot.» «Les cadres ne sont pas intouchables» Tout le monde est sur un pied d'égalité et aucun joueur n'est intouchable, même s'il est un cadre de l'équipe, avance le coach national. «Comme je vous l'ai dit, il existe des cadres dans l'équipe, mais ils ne sont en aucun cas intouchables et je vais vous illustrer tout cela. La dernière fois, il y a un cadre qui est venu me voir et voulait être rassuré. Il a voulu savoir s'il figurait dans mon projet en vue de la Coupe du monde. Je ne vous cache pas que j'ai été un peu surpris au début de le voir inquiet, d'autant que c'est un des anciens de la sélection. Cela démontre que tous les joueurs sont sur un pied d'égalité et qu'il n'y a pas de favoritisme.» «Je n'ai pris aucun risque avec Anthar Yahia» Concernant son choix de faire jouer Anthar Yahia face à la Côte d'Ivoire et l'Egypte alors qu'il revenait tout juste d'une blessure qui l'avait éloigné des terrains depuis plus de deux mois, Saâdane affirme que le joueur avait bel et bien récupéré et qu'il n'avait en aucun cas pris de risque en le faisant jouer lors de ces deux rencontres. «Anthar était blessé depuis le 18 novembre dernier, la FAF avait pris son dossier en main et l'a aidé à récupérer de sa blessure. Après presque deux mois de soins, il s'est bien rétabli et paraissait bien apte à prendre part aux matchs de l'équipe. On l'a préservé lors des trois rencontres, mais par la suite lorsqu'on a jugé qu'il pouvait jouer, on l'a incorporé sans souci et sans prendre aucun risque. On a fait un diagnostic complet sur son état et le médecin allemand qui le suivait peut témoigner qu'il était bien remis de sa blessure. Certes, Anthar manquait un peu de rythme et de compétition dans les jambes, mais cela ne l'a pas trop gêné, puisque c'est un gars professionnel qui sait parfaitement gérer son match. Je ne prends jamais de risque avec les joueurs quand il s'agit des blessures.» «Ziani est un élément indispensable dans l'équipe» «Dans un tournoi comme celui de la CAN, on part certes avec un effectif de 23 joueurs, mais comme vous l'avez sans doute remarqué, au fil de l'avancement de la compétition, on commençait à perdre pas mal de joueurs sur blessures. Ce qui rendait notre tâche de plus en plus difficile. Pour ce qui est de Ziani, ce dernier a eu une contracture vers la fin de la première mi-temps des prolongations face à la Côte d' Ivoire. Chose qui a nécessité son remplacement. Par la suite, je l'ai fait jouer d'entrée face à l'Egypte, même si je savais qu'il n'avait pas tout à fait récupéré physiquement du fait qu'il ne s'est pas entraîné durant deux jours. C'est un joueur clé, voire indispensable dans l'équipe. Tout le monde sait ce qu'il a apporté pour l'équipe. C'est pour cette raison que je mise énormément sur lui.» «La stabilité est nécessaire et je ne compte pas chambouler le groupe» Saâdane n'envisage pas d'opérer beaucoup de changements au sein de l'effectif. Il préfère garder la même ossature, même s'il sait au fond de lui-même que certains joueurs sélectionnés sont très loin de leur niveau. «Durant la CAN, j'ai donné la chance à tout le monde et j'ai pu voir le degré de préparation de chacun de mes joueurs. Cela me permettra aussi d'avoir une idée précise sur le groupe en perspective de la Coupe du monde. Néanmoins, je vous informe que je ne compte pas chambouler le groupe pour autant. Il y a beaucoup de considérations que je dois respecter et ne pas négliger. Je sais pertinemment que certains sont actuellement loin de leur niveau, mais cela ne me pousse pas à les écarter et changer l'ossature du groupe. Je les garderai même s'ils ne jouent pas. Lorsqu'on opère des changements constamment on finit par détruire l'équipe et perturber sa sérénité. La stabilité est importante si on veut arriver à décrocher de bons résultats.» «Yebda a changé le jeu de l'équipe» Le patron de la barre technique nationale ne cache pas son admiration pour son milieu de terrain Hassan Yebda qui estime que sa venue a complètement changé le jeu de l'équipe en lui apportant plus de solidité et de force : «J'avoue que Yebda a été d'un très bon renfort à l'équipe surtout au milieu du terrain. Il a beaucoup apporté dans cette ligne et je peux vous dire même qu'il a réussi à changer le jeu de l'équipe. Maintenant que la sélection dispose de bons joueurs et que l'équipe marche bien, je ne vois pas l'utilité de ramener encore de nouveaux joueurs de même valeur et prendre le risque de les essayer. On n'a pas vraiment le temps pour ça.» «Que les gens sachent que l'équipe est encore en construction» «Nous ne sommes pas la Côte d'Ivoire qui, elle, peut se permettre d'aligner deux équipes de même niveau. Il ne faut pas mettre trop de pression sur l'équipe et être trop exigent avec elle. Je continuerai à le dire, notre équipe est en construction et il lui faut encore plus de temps pour s'affirmer. Laissons-là travailler et surtout avancer tout doucement.» «De grâce, qu'on arrête de nous critiquer !» En réponse à la question de l'animateur qui voulait connaître l'avis du sélectionneur quant aux analyses et autres critiques faites par certains techniciens lors de cette CAN, ce dernier, d'un ton élevé, répondra : «Les gens ne se situent pas dans le vrai contexte et ne regardent que les résultats. Moi, je ne tiens pas du tout compte des analyses et reproches que peuvent émettre certains techniciens. On m'a reproché entre autres le fait de n'avoir pas fait de changement après l'expulsion de Halliche lors du match face à l'Egypte. Et ben, je vais vous dire pourquoi je n'ai pas modifié le schéma tactique et pas fait de changement ce jour-là. Tout simplement parce que je voulais égaliser et ne surtout pas trop reculer. On l'a bien fait en 2004 face à ce même adversaire, non ? L'équipe apprend et progresse de match en match. Alors qu'on nous laisse tranquille ! Vous vous rappelez du match face au Rwanda, alors que l'arbitre faisait tout pour nous casser, il n'empêche que les joueurs ne sont pas entrés dans son jeu et ont évolué avec grand professionnalisme jusqu'à inscrire trois buts. De grâce, qu'on arrête de nous critiquer et qu'on nous laisse travailler dans le calme ! Je sais qu'il existe des imperfections et des lacunes à corriger, mais j'estime qu'il y avait plus de choses positives que négatives à tirer de notre participation à cette CAN. D'autant plus qu'il ne faut pas oublier que beaucoup de joueurs découvraient pour la première fois cette compétition et ce que voulait dire de jouer en Afrique. Tout le monde peut commettre des erreurs, à commencer par moi. Donc, qu'on nous laisse en paix !» «Je n'ai pas besoin d'un renfort du staff technique» «Mon staff est très compétent et je ne compte pas le changer. Mes adjoints me sont fidèles et ne font rien sans que leur chef leur répartisse les tâches et c'est ça, à mon avis, le plus important. Nous avons réussi tous ensemble dans notre mission, tout marche bien, et je suis plus que satisfait de leurs contributions. Ils vont continuer avec moi jusqu'au bout. Je n'ai pas besoin d'aucun renfort et je n'envisage même pas cette hypothèse. Ceux qui veulent prendre l'EN n'ont qu'à faire le travail qu'on a fait depuis trois ans maintenant et qualifient l'Algérie à la CAN et au Mondial comme on l'a brillamment fait. Je ne veux surtout pas revivre le même scénario de 1982 et de 1986.» «La convocation d'Amri et Benyamina n'est pas d'actualité» Pour ce qui est des probables arrivées à l'EN, Saâdane précise : «On est en train de suivre en permanence certains joueurs qui pourront un jour intégrer la sélection. Puisqu'on n'a pas trop de temps devant nous. Je peux vous dire que pour le match amical face à la Serbie, il y aura seulement deux changements. Je ne vais pas avancer des noms, car rien n'est encore fait. Pour ce qui est d'Amri Chadli et Benyamina, je peux vous dire que l'arrivée de ces derniers en sélection n'est pas encore d'actualité, on verra par la suite.» «Le football local a besoin d'une réforme» Pour conclure, l'entraîneur national évoquera le niveau du football local qui aurait besoin, selon lui, d'une réforme radicale pour se relancer de nouveau : «Le président de la FAF a établi un programme de travail qui consiste à relancer le football local et élever son niveau. Depuis quelques années maintenant, ce dernier n'avance pas du tout et ne fait que piétiner. Il faut lancer une grande opération et une réforme bien étudiée pour stopper l'hémorragie. Il faut profiter aussi de cet engouement que suscite le football actuellement pour faire progresser le football local et créer le maximum d'écoles de formation. On doit prendre soin du joueur dès son jeune âge et les clubs doivent se pencher sur la question et mettre la main à la patte.» «Les joueurs doivent se contrôler et ne pas tomber dans le jeu des arbitres» Avant de répondre aux questions de la Chaîne III, le sélectionneur national avait été l'invité de la télévision nationale, avant-hier soir, lors de l'émission «Kalam fi erriadha» présentée par notre confrère Mohamed Djamel. Lors de cette émission, Saâdane a évoqué plusieurs sujets qu'il a par la suite repris le lendemain à la radio. Pour être le plus complet, on a retenu cette déclaration qu'il a faite à propos du geste qu'a commis le portier Faouzi Chaouchi sur l'arbitre Coffi Codjia lors de la rencontre des demi-finales face à l'Egypte. Sans citer Chaouchi, Saâdane ne manquera pas de souligner que ce genre de réaction ne devait en aucun avoir d'incidence sur lui quelles que soient les décisions que peut prendre l'arbitre. Il déplore ce genre de geste qui, dit-il, nuise à l'image de l'Algérie. «Dans le haut niveau, il faut savoir se contrôler et ne pas faire n'importe quoi. Le joueur ne doit en aucun cas perdre son sang-froid et faire des bêtises qui peuvent coûter cher, à lui et à toute l'équipe. On est les ambassadeurs de l'Algérie et on se doit d'être les plus représentatifs possibles de ce pays, dans le bon sens je veux parler. Tout le monde se rappelle du match face au Rwanda lors des éliminatoires qui s'est joué à Blida. Ce jour-là, l'arbitre avait tout fait pour nous faire perdre et casser notre jeu, malgré cela, les joueurs ne se sont pas livrés au jeu de l'arbitre et ont joué en professionnels jusqu'au bout et le résultat tout le monde le connaît. Je sais parfaitement que les joueurs locaux, par exemple, n'ont pas été orientés dans ce sens, je ne les blâme pas, mais il faut quand même éviter de tels dérapages. Quand on joue une CAN, ce n'est pas comme-ci on joue un match de championnat. Je ne veux plus voir ce genre de comportement et que cela nous serve de leçon à l'avenir.» «Ziani était même prêt à jouer au poste de gardien» «Quand j'entends certains dire que les joueurs ne sont pas unis et qu'il y a des différents entre eux, je reste étonné. Je ne le répéterai jamais assez, il règne une bonne ambiance dans le groupe et tout se passe bien. Il y a une solidarité incroyable entre l'ensemble des joueurs et cela me fait plaisir. Je peux même vous dire qu'une fois, Ziani est venu me voir et s'est dit prêt à jouer en tant que gardien si le besoin de l'équipe nécessitait cela. Karim, je l'ai fait jouer dans presque tous les postes et il a toujours bien accepté cela. C'est le cas pour l'ensemble des joueurs.» S. F. ------------------- On a évité de parler de l'Egypte Ceux qui ont suivi l'émission «Kalam fi erriadha » ont remarqué que les présents ont évité au maximum de parler de l'Egypte, et ce, afin d'éviter toute polémique avec nos amis les Pharaons. Même Saâdane a préféré parler de tout, sauf, bien entendu, de l'Egypte, dont il ne veut plus entendre parler.