En ce qui concerne les symptômes de cette maladie, selon le docteur Kheroua Nawel, psychologue à la maison des jeunes Maoued Ahmed, «ceux les plus répandus sont les troubles de sommeil et les crises de larmes, entre autres. Le malade dans cette période n'a plus envie de rien et commence à ressentir un passage à vide. Il faut toutefois faire la distinction entre déprime, ou coup de blues, et dépression.» Selon cette même source : «l'état de déprime dure quelque jours, alors que l'état psychique d'une dépression s'étale sur plusieurs semaines, voir des mois». Docteur Ghouadni, neuropsychiatre, pense que «cette maladie devient de plus en plus fréquente, surtout ces dix dernières années, puisque 80% à 90% des consultations dans un cabinet psychiatrique sont des cas de dépression». Les causes de cette maladie sont différentes. «Il ne faut pas, poursuit-il, oublier que la dépression et due à plusieurs facteurs et peut être d'origine génétique, mais la plus répandue reste celle d'origine sociale, c'est-à-dire le chômage, le divorce, l'échec sentimental, la disparition de l'un des conjoints, etc. Bien sûr, le stress compte parmi les causes principales qui peuvent générer une dépression», explique notre interlocuteur avant d'ajouter : «Le manque de communication et d'échanges pousse l'individu vers l'isolement et, de ce fait, il se retrouve basculé dans un état dépressif.» Cette maladie ne distingue ni âge, ni sexe, elle atteint toutes les classes sociales. Sur cette question, notre interlocuteur précise que «trois femmes pour un homme sont sujettes à la dépression, puisque la nature de la femme et sa sensibilité la prédisposent. Contrairement aux idées reçues, la misère sociale, d'un point de vue financier et culturel, n'est pas toujours une cause qui pousse vers cette maladie, puisque de plus en plus d'intellectuels sont susceptibles de connaître une phase dépressive due à la pression de la vie quotidienne, mais aussi au fait de se retrouver dans un environnement qui ne leur permet pas de s'épanouir et d'évoluer ou de communiquer avec d'autres personnes du même niveau culturel». Manque de loisirs La tranche d'âge la plus touchée reste les 25-50 ans, mais cela n'empêche pas que les autres soient concernés, car la dépression peut atteindre même l'adolescent. Cela et dû au manque de loisirs et de divertissement, au stresse des études et, le plus important, au manque d'un suivi psychologique tout au long de la scolarité. La personne âgée, elle aussi peut être sujette à la dépression ; elle ne supporte pas les changements puisque elle va se retrouver dans une situation d'inactivité, explique-t-on encore. Si cette maladie est peu ou mal connue, cela n'empêche pas que si elle n'est pas traitée, elle peut pousser au suicide. Quant au traitement, il peut être psychothérapique ou médicamenteux, c'est selon l'amplitude de la maladie et le psychique de la personne. Ce qu'il faut savoir, c'est que le traitement par les médicaments antidépresseurs peut s'étendre sur plusieurs mois, voire plusieurs années. Aujourd'hui, dans notre société, consulter un psy compte parmi les tabous, ce qui pousse les patients ou leur proches à aller voir un marabout, communément appelé taleb, ou un «raqi», plutôt qu'un psychologue ou un psychiatre. Plusieurs patients, avant de faire appel à un psychiatre, passent par les talebs ou «raqi», mais le problème qui se pose est que ces derniers peuvent être des charlatans qui, au lieu de soigner le malade, l'enfoncent davantage, sans oublier les influences qu'ils peuvent exercer sur eux. Ce recourt ne se limite pas aux personnes d'un niveaux culturel limité. Aujourd'hui, à Oran, il existe plusieurs cellules d'écoute et de prévention santé au niveau des maisons de jeunes, pour permettre à un large public d'exprimer ses préoccupations.