Le président de la Société franco-algérienne de psychiatrie, le Pr Mohamed Taleb, a estimé, hier, que le suicide des jeunes constitue un problème de santé mentale mondiale, précisant que 70% des personnes qui se suicident souffrent de dépression. Le Pr Mohamed Taleb a estimé, également, que le suicide est souvent commis par désespoir, affirmant qu'il est le risque majeur de toute dépression. Selon ce spécialiste, également, la plupart des personnes qui font une tentative de suicide sont souvent cliniquement déprimés, affirmant ainsi que les troubles dépressifs représentent par conséquent un problème majeur de santé publique. Il a précisé, à cet effet, que la dépression touche 350 millions de personnes environ dans le monde et elle est parmi les formes les plus répandues de troubles mentaux, soulignant que de nombreuses études démontrent que cette affection reste encore largement méconnue et insuffisamment diagnostiquée et traitée. D'autre part, le Pr Taleb a indiqué qu'une étude supervisée par l'OMS en 2000 dans le grand Alger montre que 30% de la population algéroise souffrait de dépression. «1 000 psychiatres exercent en Algérie... un manque flagrant !» Interrogé sur les principales raisons de cette maladie, le professeur Taleb les résume dans le chômage, le stress, le terrorisme, la dégradation du mode de vie du citadin, la consommation des toxiques... Comme elle résulte de l'interaction de facteur sociaux , psychologiques et biologiques, a-t-il tenu à préciser, soulignant que 30% des diabétiques souffrent d'une dépression et 40% des cancéreux souffrent, également de la même affection. Il a, par ailleurs, expliqué que les femmes sont davantage prédisposées que les hommes. Parlant de la situation de la santé mentale en Algérie, le Pr Mohamed Amine Bancharif, chef de service à l'hôpital Frantz-Fanon, a mis l'accent sur le manque flagrant des structures spécialisées en Algérie, précisant que la capacité d'accueil dans les établissements existant en Algérie est estimée à 5 500 lits pour une population de 40 millions d'habitants. Abordant la question du nombre de psychiatres exerçant dans les deux secteurs (privé et étatique), le Pr Bancharif a estimé que ce nombre est insuffisant au regard de la population globale, précisant que 1 000 médecins psychiatres exercent dans les deux secteurs en Algérie. Il n'a pas manqué, à ce titre, d'évoquer la nécessité sur la formation des médecins psychiatres. A propos de la santé mentale des enfants et des adolescents, le Pr Bancharif a ajouté que le nombre des adolescents atteints de pathologies mentales est important en Algérie.Rappelons que cette rencontre, organisée hier au chapiteau Space Event (ex-Club Djezzy) à Sidi Fredj (Alger), a été, aussi, l'occasion de présenter un nouvel ouvrage intitulé «la Dépression, un problème majeur de santé publique», édité par Juba éditions, sous la direction du Pr Mohamed Taleb en présence des professeurs Boualem Semaoune, chef de service à l'Hôpital central de l'ANP à Alger, et Arfi Nassim, professeur agrégé en psychiatrie à l'Hôpital central de l'armée (Alger). Une trentaine de psychiatres algériens ont conjugué leurs efforts pour rédiger cet ouvrage qui se veut la synthèse des connaissances actuelles sur la dépression. Ce travail est destiné à tous les médecins et étudiants en médecine, aux psychologues, infirmières et à toute personne s'intéressant aux problèmes de la santé mentale, rappelle t-on.