Le stress fait désormais partie de notre vie. Un mal qui a marqué la fin du siècle dernier et qui promet d'être encore plus présent dans notre quotidien au regard du rythme que l'existence nous fait mener en ce début du 3ème millénaire. Qui n'en est pas touché ? devrions-nous dire, mais les individus bousculés par le temps et dont les minutes s'écoulent à la vitesse de la lumière sont plus sujets au stress que ceux qui prennent le temps de vivre. Le plus inquiétant, c'est qu'un stress mal géré et dans lequel on risque de s'enfoncer faute d'une prise de conscience et d'une reprise de soi peut conduire à la dépression nerveuse. Psychologues et psychiatres sont formels à ce sujet : le fait de ne pas consacrer du temps pour soi et de ne pas avoir des activités de loisirs favorise la déprime qui, si elle n'est pas prise en compte et soignée, peut se transformer en dépression. Mais peu en connaissent les symptômes qui peuvent renseigner sur un état dépressif. Le manque de concentration, l'irritabilité, la dévalorisation de soi, le changement du cycle du sommeil et de l'appétit en font partie. Il faut savoir les détecter à temps avant qu'ils ne s'installent, ce qui n'est pas toujours évident lorsqu'il s'agit d'autrui dans une société de plus en plus individualiste. Notre mode de vie s'y prête de plus en plus dans un univers de solitaires à plusieurs et d'absence de communication qui favorise les remises en question et la perte de confiance. De plus en plus de personnes, notamment les jeunes, en sont touchées. Chômage, rupture, choc émotionnel, deuil ne peuvent être vécus ni dépassés sans l'appui des autres, et c'est généralement dans la solitude qu'ils le sont alors que l'entourage ne se doute de rien ou ne veut rien voir. Il ne faut pas sous-estimer le rôle de l'urbanisation anarchique qui ne prend pas en considération le bien-être de l'individu en rayant les espaces de loisirs et de détente qui n'accompagnent plus l'acte de bâtir, celui-ci se résumant à ces blocs de béton qui emplissent les villes jusqu'à étouffer les habitants. Le constat qui est fait par les spécialistes, c'est que la dépression est un mal sous-estimé et sous-diagnostiqué et que les structures de prise en charge font défaut. Il faut dire aussi que les cabinets de psychologues et de psychiatres ne sont pas vraiment «courus», la dépression nerveuse étant encore taboue dans notre société, alors que, dans les pays occidentaux, l'état de déprime constitue une raison de consulter. Non prise en charge et non traitée, la dépression peut aboutir au suicide lorsqu'elle perdure. C'est pourquoi les spécialistes prônent la mise en place de centres d'écoute. Ce qui reste insuffisant en l'absence de vulgarisation de la maladie au sein de la société et de structures qui s'occuperaient des personnes dépressives. R. M.