5. Faut-il reprocher à l'ENTV au motif qu'elle ” s'est dépensée ” en dehors de son champ d'activité traditionnel, d'avoir contribué à la création de la ” Fondation le Fennec d'Or ” qui reste malgré les observations sur son organisation et les commentaires sur ses délibérations, une heureuse initiative au profit de la promotion quantitative et qualitative de la production audiovisuelle, d'avoir également organisé des journées d'études, des ateliers de formation et de perfectionnement dédiés aux techniques de l'écriture dramatique, d'avoir piloté et animé des festivals de cinéma pour les longs et courts métrages, d'avoir aidé à la réalisation d'œuvres cinématographiques, même si la carrière de certains films s'arrête malheureusement aux avant-premières, et d'avoir appelé par la voix de son premier responsable, à l'ouverture du champ audiovisuel national et à la restructuration du secteur public de télévision par la création de nouvelles chaînes ? De notre point de vue, ce que certains observateurs considèrent comme une ” ingérence ” dans le domaine réservé de la puissance publique pose en vérité, au-delà du caractère volontariste et positif de la démarche du premier responsable de la télévision algérienne la question de la capacité ou de l'incapacité des pouvoirs publics à ouvrir franchement le débat sur l'audiovisuel, un débat qui associerait les pouvoirs publics, les représentants du secteur public audiovisuel et ses partenaires du secteur privé, les chercheurs, les universitaires, des critiques et des experts indépendants autour de la ” problématique du champ audiovisuel national à l'heure de la mondialisation”. Mais pour autant, en continuant d'appeler de tous nos vœux l'ouverture de ce débat avant la fin de l'année 2008, la télévision algérienne s'y est elle préparée et, est-il justifié de dire aujourd'hui, comme le rapportent périodiquement des déclarations et des articles de presse, que la gestion de l'ENTV reposerait sur un ” pouvoir personnel ” ? S'il est vrai que jamais dans sa jeune histoire, l'entreprise nationale de télévision n'a été autant ” personnalisée “, force est de reconnaître, sauf à se ranger parmi les ” casseurs professionnels “, que l'actuel dirigeant de l'ENTV, mis à part l'évaluation de sa gestion des ressources humaines et matérielles de l'entreprise dont la sanction positive ou négative relève des organes de contrôle prévus par les textes réglementaires, de son autorité de tutelle et bien sûr du Premier Magistrat du pays ; occupe brillamment le devant de la scène tel un acteur principal aux réparties savantes et fulgurantes se déplaçant avec une aisance professionnelle remarquée à l'intérieur et à l'extérieur du territoire national, d'un plateau à autre, campant son rôle, tantôt ” prés de son texte ” discipliné comme doit l'être un grand commis de l'Etat, tantôt franchissant, selon le contexte, les limites de ses attributions et endossant le maillot de la puissance publique, de l'homme politique, qui décline ses aspirations, ses ambitions et ses choix personnels lorsqu'il s'agit de l'ouverture du paysage audiovisuel national par exemple. Si elle peut régler à coup sûr certains problèmes ou certains dossiers dans des délais record, l'omniprésence du Directeur Général et la ” personnalisation ” du pouvoir de décision lorsqu'elles perdent de leur ” effet de locomotive ” et n'entraînent plus les énergies et les capacités du staff dirigeant vers plus de mobilisation et de performances, peuvent en définitive diminuer de l'efficacité des organes internes de consultation et de commandement décentralisé, lesquels préjugeant de l'avis du premier responsable de l'Etablissement, s'en remettent en tous temps à son autorité, ce qui finit alors par dérouter plus d'un partenaire qui ne sait plus à quel moment il pourrait être ” l'heureux élu ” d'une décision, quelle qu'elle soit, compte tenu précisément de l'immense charge de l'homme de la décision. Sans démagogie aucune, sans complaisance et encore moins sans allégeance, mais toujours dans une démarche objective, n'oublions pas, si nous devons esquisser son portrait et chercher à décrypter certains de ses traits, que l'homme, l'actuel Directeur Général de l'ENTV, a occupé très jeune des fonctions d'Etat dans un contexte politique national lourd de dangers, qu'il a su dans ses courtes traversées du désert renouer sans complexe, en y ajoutant le talent, avec son milieu professionnel d'origine, la communication audiovisuelle ; et qu'il construit depuis au moins dix ans un capital managérial exceptionnel. Si nous devons demeurer vigilant à nos postes de travail, quelque soit le secteur d'activité et davantage dans un espace dédié au débat d'idées, à la création intellectuelle et à la production culturelle et artistique comme le nôtre ; gardons-nous toutefois de nourrir, d'entretenir ou de laisser faire ce terrible complexe destructeur qui en arrachant ” tout ce qui dépasse la taille moyenne “, et en poursuivant de sa haine sous l'effet d'une frustration, tout exemple de réussite personnelle ; alimente en fin de compte le lit de ” l'homme providentiel ” dont notre pays a si souvent souffert au cours de son histoire. (A suivre)