Trois millions d'hectares de la surface agricole utile (SAU) estimée à environ 8 millions d'hectares sont en jachère, a indiqué hier le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, dans une intervention sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale. Le ministre ne fait que quantifier ce que de nombreux Algériens avaient déjà constaté de visu. De nombreuses terres cultivables ne sont pas travaillées par leurs propriétaires. « Ce sont 3 millions d'hectares que nous n'utilisons pas rationnellement, qu'il faudrait mettre en culture. Il faudrait encourager les agriculteurs à introduire un certain nombre de techniques pour introduire de nouvelles cultures », a souligné le ministre. C'est la première fois qu'un ministre évoque ce problème auquel s'ajoutent une urbanisation effrénée ainsi qu'une désertification menaçante. Ces aléas pèsent sur la production nationale agricole qui ne couvre pas les besoins de la population dans certaines filières. L'Algérie, dont les terres arables ne représentent que 2 à 3% du territoire, ne peut pas se permettre le luxe de laisser près de 40% de ce foncier en jachère, a affirmé le ministre qui annonce d'ailleurs le lancement d'un grand programme pour y remédier. Ce dispositif « Résorption de la jachère » vise à introduire « une utilisation rationnelle de ce qu'on a », a expliqué M. Benaïssa. Il estime dans ce sillage que même après avoir rentabilisé ces terres, il ne convient pas de dormir sur ses lauriers, d'autant plus qu'il y a, note-il, « une possibilité d'élargir et d'acquérir de nouvelles surfaces ». « Notre premier objectif c'est d'essayer de l'utiliser (la SAU) au mieux et de la manière la plus rationnelle possible. Cela veut dire qu'il faut avoir un système de culture, un système d'assolement adapté, et c'est ce que nous essayons de faire. Nous lançons un grand programme dès la campagne prochaine pour utiliser toute la surface qu'on laissait en jachère dans les systèmes de productions antérieurs », a-t-il relevé. Le ministre a révélé que la politique foncière agricole de son département prévoit également un programme sur trois millions d'hectares pour la protection des bassins versants ainsi qu'un grand programme pour la lutte contre la désertification et la protection du patrimoine forestier. A cela s'ajoutent des opérations de mise en valeur des terres. Les indications du premier responsable du département de l'agriculture laissent penser que la question du foncier agricole est donc toujours problématique. Le ministre a indiqué par ailleurs que 16 milliards de dinars seront consacrés par les pouvoirs publics au développement de la filière lait, dont 8 milliards de dinars pour les subventions et les 8 autres pour tout ce qui concerne les actions de développement de la production nationale pour remplacer progressivement la poudre importée. L'Office interprofessionnel du lait (Onil) avait indiqué récemment qu'en 2009, la facture des importations de poudre de lait devrait connaître une baisse de près de 400 millions de dollars. Les prévisions de l'Onil tablent sur un montant de 350 millions de dollars contre 750 milliards de dollars en 2008.