Le long de la rue Colonel Amirouche, les failles qui ont été recouvertes de bitume l'an dernier, refont surface à plusieurs endroits. L'instabilité du sol, affectant cette partie de la ville, est particulièrement visible au niveau de l'arrêt des fourgons. Dans cette partie de la ville, l'affaissement est si important que pour pénétrer dans les magasins, il faut d'abord «descendre» sur le trottoir dont le niveau se trouve, un cran au-dessous de celui de la chaussée. Pour les résidents, l'origine de cette déformation ne laisse planer aucun doute. La ville est en train de s'affaisser, inexorablement, centimètre par centimètre, depuis quarante ans. Les premiers signes sont apparus, en effet, avant 1970 et la masse de l'ex-marché couvert fissuré de toutes parts puis abandonné avant la fin des travaux, en est un exemple concret. A l'époque, une grande partie des bâtisses, se trouvant du côté de la place Emir Abdelkader, a été détruite, par mesure de sécurité. Il semble que l'histoire se répète, cette fois, sans avoir servi de leçon à ceux qui continuent de projeter la construction de bâtiments sur ce terrain dont l'instabilité est reconnue par les spécialistes. Bien que de construction relativement récente, la majeure partie des immeubles de la grande rue est affectée par ce mouvement de terrain. Les fissures apparues sur la chaussée, il y a de cela plus de trois ans, ont fini par se propager aux habitations qui présentent des lézardes tellement larges qu'à certains endroits, elles laissent passer le jour. Lors de sa visite à Aïn El Hammam, il y a deux ans, le wali de Tizi Ouzou avait donné des instructions, allant jusqu'à préconiser la suspension des permis de construire, tant que «le phénomène n'est pas cerné». Suspectant le mauvais drainage des eaux pluviales et d'évacuation des eaux usées, les autorités avaient engagé des dépenses faramineuses pour, dans un premier temps, la réfection du réseau d'assainissement, avant de procéder à l'étanchéité de la chaussée, en procédant à son bitumage. Or, force est de croire que le but assigné, initialement, à l'opération, est loin d'être atteint. Une virée dans les environs nous amène à constater que les failles s'élargissent et l'affaissement de la chaussée continue. La rue Bounouar M'Hanna, parallèle à la grande rue, qui a bénéficié, elle aussi, de ce programme d'urgence, a été bitumée, sans que son réseau d'évacuation d'eaux usées ne soit, pour autant, touché. Or, il se trouve qu'à certains endroits, comme nous avons eu à le constater, particulièrement au niveau du bloc 19, les locataires se plaignent d'un problème d'évacuation des eaux usées. Les interventions de l'APC auraient mis à nu certaines carences. Par ailleurs, pour éviter d'accentuer le mouvement, une interdiction de stationnement sur cette rue a été imposée aux véhicules lourds. Les nombreuses déformations du bitume, visibles sur une centaine de mètres, commencent à devenir alarmantes. Rappelons que l'an dernier, un laboratoire spécialisé avait dépêché des experts pour procéder à des prélèvements et des carottages, pour étude du sous-sol. Les résultats ne sont toujours pas connus.