Le premier cité, un juge de statut civil ayant exercé au niveau de l'institution judiciaire de Chelghoum Laïd, a, ironie du sort, été cueilli en flagrant délit de corruption dans cette même ville et à quelques pas de son lieu de résidence. Le magistrat «indélicat» tombera dans les filets des enquêteurs suite au dépôt d'une plainte auprès du procureur général de Sétif par un citoyen de la même région, un certain Redha Souici, auquel le juge «véreux» a exigé un pot-de-vin initial de 250 000 DA en contrepartie d'un jugement qu'il devrait rendre concernant un litige foncier. L'affaire remonte au 28 février dernier lorsque, mis au parfum, les éléments de la police judiciaire de Sétif, en fins limiers, tendront un guet-apens aux deux mis en cause à l'issue duquel ils retireront de la poche de Boukharbata le montant de 150 000 DA en coupures de 1000 DA et procéderont à l'arrestation des deux lascars après avoir bien pris soin de photocopier les billets objet de la transaction malhonnête. Présentés au magistrat instructeur, les deux acolytes seront placés en détention provisoire. Après une première comparution, mardi dernier, le tribunal a reporté l'affaire à hier, suite au retrait du collectif de la défense qui a récusé l'application de l'article 576 du code de procédure pénale et, partant, l'illégalité de la détention de l'accusé. Le tournant du procès se situe au moment où l'expert foncier qui a joué un rôle prépondérant d'intermédiaire dans l'acheminement des «dessous de table» fondra en larmes et reconnaîtra son forfait implorant la clémence de la justice. Malgré les dénégations du magistrat «corrompu», qui affirme avoir reconnu le chef d'inculpation «sous la contrainte et les brutalités policières», le représentant du ministère public axera son réquisitoire sur la gravité du crime venant d'un représentant de la loi et requerra, au même titre que son coaccusé, pour le premier 15 ans et pour le second 10 ans de prison ferme et une amende de 1 million de dinars pour chacun, avant que le tribunal ne prononce son verdict. La plaidoirie de la défense a, quant à elle, crié au «délit provoqué» et à «la machination malveillante» dans un procès émouvant qui a défrayé la chronique locale.