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Une vie de combats contre l'oppression et pour la justice humaine
Publié dans El Watan le 21 - 04 - 2008

Elle était une des signataires d'un appel à la condamnation de la torture durant la guerre d'Algérie (appel signé par douze personnalités, à l'initiative de L'Humanité, le 31 octobre 2000).
La vie de Germaine Tillion, née en 1907 dans un petit village breton, a été marquée par trois grandes périodes principales : l'Aurès des années 1930, la résistance et la déportation ; à nouveau l'Algérie au moment de la guerre de Libération nationale.
L'ethnologue française, spécialiste des Aurès, auteur du célèbre Le Harem et les cousins (1966 aux éditions Le Seuil, épuisé), publiait aux éditions Le Seuil, en janvier 2000, Il était une fois l'ethnographie. Cet ouvrage qu'elle écrivit en utilisant ses brouillons et ses souvenirs représentait l'histoire d'une rencontre, celle de l'auteure avec l'Aurès et les Chaouias qu'elle découvrit en 1934. Germaine Tillion avait alors 25 ans. Etudiante de Marcel Mauss à l'institut d'ethnologie, elle effectua dans l'Aurès six ans de mission. De ce séjour, elle rapporta des notes et deux thèses de doctorat qui ont disparu pendant sa déportation à Ravensbrück en 1943. Pour Germaine Tillion, l'Aurès, «c'est l'histoire d'une amitié avec le peuple algérien. J'ai été reçue partout comme quelqu'un de la famille. Dans ce livre, je reprends tout ce que j'avais écrit de scientifique sur l'Aurès. J'avais recensé les parentés de tous les groupes de l'Aurès entre eux, les farkas. Cela permettait de restituer les différents occupants de l'Aurès. J'avais noté tout ce qui était considéré par la population comme essentiel. Ces documents représentaient mes thèses de doctorat», nous avait-elle dit dans une interview qu'elle nous avait accordée en janvier 2000 (El Watan du 4 janvier 2000, ndlr) . «Je n'ai pas connu une Algérie, j'ai toujours connu des Algérie. C'était le cas en 1934. Il y avait déjà plusieurs Algérie. Les Français d'Algérie, c'était une Algérie. C'étaient des gens qui étaient aussi des migrants, comme les migrants algériens qui sont actuellement en France. J'ai considéré qu'ils avaient, au fond, construit quelque chose en Algérie et ce quelque chose était valable. C'était leur existence. C'étaient des pieds-noirs comme on dit, comme on ne disait pas encore en 1934. J'ai entendu ce mot pour la première fois après 1954.» (interview op cit). Et d'ajouter : «Je suis persuadée que les migrations massives d'Algériens en France ont été un élément déclencheur de la révolution en Algérie.» (interview op cit). Germaine Tillion entra dans la résistance dès juin 1940. Avec, entre autres, Pierre Brossolette, elle créa et anima le réseau du Musée de l'homme qui travailla à l'évasion de prisonniers et au renseignement. Arrêtée en 1942, elle a été déportée en camp de concentration en 1943. Sa mère est morte au camp de Ravensbrück. Sa grand-mère, elle-même, a été arrêtée en 1942 à quatre-vingt-onze ans. De sa libération du camp de Ravensbrück en 1945 à 1954, elle travailla à recueillir des témoignages sur les crimes nazis. En 2000, Germaine Tillion reçut des mains de Geneviève Antonioz de Gaulle, présidente de l'Association des déportées et internées de la résistance, la grande croix de la Légion d'honneur pour ses positions humanistes et les combats justes qu'elle avait menés.
Germaine Tillion revint en Algérie en 1954, créa les centres sociaux et rentra en France en 1956 afin de «permettre à un pays dans son ensemble, et grâce à sa jeunesse, de rattraper les retards techniques qu'on appelle sous-développement». «Dans un langage plus simple cela veut dire : vivre», écrivait-elle dans Le Monde le 18 mars 1962 dans un texte intitulé «La bêtise qui froidement assassine», trois jours après l'assassinat par l'OAS de Mouloud Feraoun et de ses cinq collègues enseignants, responsables de centres sociaux à Alger. «Je voulais augmenter les ressources de chaque famille et, essentiellement, donner aux enfants algériens, filles et garçons, une instruction équivalente à celle que recevaient les enfants français», nous disait-elle (interview, op cit). Germaine Tillion a été la première à utiliser le terme de «clochardisation». Dans La Traversée du mal (un entretien avec l'historien Jean Lacouture), elle expliquait que «la clochardisation, c'est le passage sans armure de la condition paysanne (c'est-à-dire naturelle) à la condition citadine». Et d'ajouter : «J'appelle ‘'armure'' une instruction primaire ouvrant sur un métier. En 1955, en Algérie, j'ai rêvé de donner une armure à tous les enfants, filles et garçons».
Dans les dernières pages de L'Afrique bascule vers l'avenir (éditions Tirésias), Germaine Tillion écrivait : «Je découvris alors (à Alger, ndlr) les rouages d'un colonialisme vivace, obstiné, entreprenant et attaché à des intérêts contraires à ceux de la majorité, c'est-à-dire du bien public.» Elle dénonce la «minorité de colons qui voulait tout accaparer», qui «avait une main-d'œuvre qu'elle exploitait et qu'elle voulait garder», qui «avait des privilèges, de l'argent et des relais qui, à Paris, exerçaient des pressions sur les députés.» «La grande erreur de l'Etat français a été de ne pas abolir les privilèges et donner les mêmes droits à tous.»
Anticolonialiste, Germaine Tillion a inlassablement lutté pour la paix entre l'Algérie et la France. Elle revint en Algérie en juin 1957 avec une commission internationale d'enquête sur les lieux de détention français en Algérie. En juillet 1957, en pleine Bataille d'Alger, elle favorisa le premier contact entre les dirigeants du FLN et le gouvernement français (qu'elle raconta dans Les Ennemis complémentaires, et ensuite dans La Traversée du Mal. «En 1957, j'ai essayé que l'on arrête la guerre, qu'on ait une négociation et que l'Algérie décide librement de son sort. C'est Geneviève Antonioz de Gaulle qui me servait d'intermédiaire avec son oncle (le général de Gaulle, ndlr), qui lui portait mes lettres», nous avait dit Germaine Tillion (interview op cit). «Lorsque la torture s'est généralisée, j'ai été alertée par mes amis algériens. J'ai alors pris contact avec mes camarades de déportation.» «J'avais rencontré Yacef Saâdi et ses camarades à leur demande. Quand ils ont été arrêtés, j'ai fait une déposition. Ils ont eu la vie sauve. Je m'étais attachée à sauver la vie des Algériens» (interview op cit). Pour ce faire, elle faisait intervenir des gens connus, des intellectuels. «C'est comme cela que j'avais tous les numéros de téléphone de Camus pour lui signaler les Algériens en danger de mort», nous disait-elle encore. Elle est intervenue auprès d'Edmond Michelet, ministre de la Justice (qu'elle avait connu dans les camps de déportation nazis), pour qu'il mette fin à la peine de mort contre les militants nationalistes pendant la guerre d'Algérie. Germaine Tillion fonde en 1963, aux côtés d'Edmond Michelet, l'association Amitié France-Algérie, que préside actuellement Pierre Joxe. Dans les dernières années de sa vie, Germaine Tillion reçut de nombreux hommages. Jean Lacouture lui a consacré une biographie (Le Témoignage est un combat). Une école de Saint-Mandé (Val-de-Marne) porte son nom et celui de sa mère, Emilie. Elle était Grand-croix de la Légion d'honneur (elle fait partie des cinq femmes qui en ont été décorées), Grand-croix de l'Ordre du mérite et médaillée de la Rosette de la Résistance.


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