Vêtements, jouets, aliments… Le marché algérien continue à absorber les « déchets de la planète » et à intoxiquer le consommateur. El Watan Vendredi s'est intéressé au cheddar, le fromage qu'on aime tant mais qui dans les textes est interdit à la vente. Edifiant. On l'adore. On en met sur les pizzas, dans les pâtes, dans les omelettes… En provenance de Hollande, bien moins cher que le gruyère, il s'affiche dans toutes les vitrines, sans date de péremption, car vendu en bloc et sans emballage. D'un taux de graisse très élevé, le cheddar est pourtant interdit à la vente (excepté aux fabricants de fromage). « Nous n'avons jamais reçu d'instruction interdisant la vente du cheddar, explique un commerçant. C'est un aliment que les clients demandent régulièrement. » Un cadre de la direction du commerce d'Alger nous confie : « Même si l'on sait que certains produits importés sont frelatés, on continue à les importer, car l'ouverture du marché algérien est encore récente. Et puis, l'Algérie est un grand pays importateur qui a besoin d'énormes quantités de produits. » Pièces détachées pour véhicule, denrées alimentaires, jouets et articles scolaires : les produits toxiques, nocifs et interdits à l'importation inondent les étalages et les frigos des commerçants qui proposent aux consommateurs des produits de piètre qualité, à bas prix. En toute impunité. A la question sur l'absence de date de péremption sur le cheddar, un épicier tente de se défendre : « Le cheddar est très demandé, aussi nous ne tardons pas à liquider la quantité disponible, ce qui nous rassure en matière de péremption. » "Nul n'est censé ignorer la loi" Du côté de la direction du commerce, un cadre se justifie : « Ce n'est pas à nous d'informer les commerçants, mais c'est à eux de se renseigner sur ce qu'ils vendent. Nul n'est censé ignorer la loi. » L'inexistence d'un système harmonisé entre la législation, les importateurs, les vendeurs et les consommateurs ne fait qu'aggraver la situation. Une deuxième liste interdisant l'importation de produits toxiques représentant un risque particulier vient de s'ajouter à la première depuis le mois d'avril (arrêté du 31 décembre 2008). Les produits concernés varient entre agents de blanchiment sous forme de liquide ou poudre, shampoings, produits cosmétiques, textiles teints, articles de puériculture (sucettes, landaus, chaises pour enfants, etc.). « Cela permettra d'endiguer la contrefaçon et de mettre un terme à l'importation des produits non conformes aux normes », explique Malek Kemmache, chef de service de contrôle à la direction du commerce d'Alger. « Si les produits ne sont pas conformes aux normes (d'analyse et d'étiquetage), le ministère ne délivre pas d'autorisation d'importation. » Or, bon nombre de produits que nous trouvons sur le marché ne contiennent aucun étiquetage en langue arabe comme le stipule la réglementation. Pour le mois de mars, 1065 dossiers d'importation de denrées alimentaires ont été enregistrés dont 26 ont été refusés. 4 dossiers refusés sur 65 concernent les produits cosmétiques et 35 sur 5855 pour les produits industriels. En revanche, sur le terrain, la contrefaçon touche près de 60% des produits commercialisés en Algérie, selon l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Des produits chimiques toxiques pourraient être introduits et détournés en Algérie. Une information que ne dément pas M. Kemmache : « En dépit des efforts déployés par les services douaniers et les services de contrôle, le marché demeure infesté par des produits de qualité douteuse. » Le dispositif, qui devrait être mis en place pour pouvoir suivre les produits toxiques importés et avoir une traçabilité, a montré jusque-là ses insuffisances. Une défaillance aggravée par le manque de sensibilisation des clients, par ailleurs peu exigeants sur la qualité des produits qu'ils achètent. Chaussures chinoises : allergiques, s'abstenir ! Les nuisances des produits toxiques ne se limitent pas qu'aux produits alimentaires ou aux cosmétiques. « Je reçois des patients qui se plaignent d'allergies et de différents problèmes de peau après avoir porté tel vêtement où telles chaussures importés », témoigne Dr Sidali Maâiche, dermatologue à Alger avant de poursuivre : « Les chaussures chinoises, par exemple, ont une semelle faite à base de matière synthétique, contrairement aux chaussures conformes fabriquées avec du cuir ou du liège. Cela provoque des maladies contraignantes et gênantes, telles que la dyshidrose où les vésicules se localisent sur les faces latérales des orteils ainsi que sur la plante du pied. »