La commune d'Ahnif, sise à une quarantaine de kilomètres à l'est de Bouira, semble renouer avec la protesta. Celle-ci est née il y a quelques années et a évolué avec la mise en service de l'usine de production de plâtre exploitée par la société algéro-française Colpa, issue d'un partenariat entre le groupe français Lafarge et Cosider. En effet, en l'espace d'une semaine, les jeunes de la localité ayant déjà par le passé revendiqué l'installation des unités de production au niveau du territoire de leur commune, puis le recrutement au niveau de cette usine des habitants de leur commune, sont revenus à la charge. Une action de protestation consistant en la fermeture de la RN5 puis celle pure et simple de l'usine avait été initiée par les protestataires, il y a de cela une semaine. Samedi dernier, et après des démarches entreprises auprès des différents responsables (au niveau la wilaya et de la direction de l'usine), les contestataires, une centaine selon des témoins sur place, ont procédé à la fermeture de la RN5. L'action avait duré quelques heures avant que la circulation ne soit rétablie. La tension n'est toujours pas retombée et les jeunes demandeurs d'emploi ne décolèrent pas. Ces derniers, organisés autour d'un comité local, tiennent au respect d'un accord qui aurait été scellé entre les APC d'Ahnif et d'El Adjiba et qui a trait au partage des parts en matière de recrutement de la main-d'œuvre ordinaire au niveau de cette fabrique. Un accord qui n'a en vérité aucune assise juridique, puisque l'exploitation dépend bien de la direction de l'énergie et des mines et les recrutements du ressort exclusif (du moins réglementairement) de l'Anem. Les responsables au niveau des communes concernées se disent d'ailleurs incompétents quant au règlement de ce problème qui, en vérité, les dépasse. A rappeler que le vrai problème est relatif à l'exploitation même du gisement du lieudit Menhar dans la commune d'Ahnif. La genèse du différend remonte aux années 1990, quand le projet avait été initié. A cette époque, la population d'Ahnif s'est opposée à l'installation des unités de production dans la commune voisine d'El Adjiba (à l'ouest). Un choix irréversible, assurent les services techniques qui estiment que la situation géographique du gisement (au lieudit Ighzer Oumeziav) engendrera un surplus de coût pour une installation de l'usine dans le territoire d'Ahnif. Ce qui fera que les commodités offertes au niveau de l'emplacement actuel de l'usine arrangent bien l'investissement en question. La question avait par la suite été «politisée» dans la mesure où même le comité citoyen de la localité en a fait son cheval de bataille durant les années 2001 et 2002. A présent, si le problème de l'exploitation pour une partie du gisement (Menhar I) est évacué, celle du deuxième gisement (Menhar II) continue à alimenter les fantasmes des cercles locaux. Une situation qui ne manque pas d'envenimer les rapports entre la population locale et les pouvoirs publics confrontés à une protestation dont la revendication, des chômeurs, cache bien des velléités dont la conséquence est de bloquer cet unique projet d'importance au niveau de cette région. Quant à la revendication des chômeurs, elle trouve sa solution dans la mise en œuvre toute simple de la règlementation en la matière. Il s'agit là du passage de toutes les offres d'emploi par l'Anem qui, jusque-là, peine à convaincre les entreprises intervenant dans son secteur, pour la simple et unique raison que des bras longs continuent à sévir en toute impunité. L'immixtion de certains responsables locaux, notamment au niveau des communes concernées, met en échec les initiatives de régulation du marché local de l'emploi. Cela dit, la revendication formulée par le passé, par le CCDM (comité des chômeurs de la daïra de M'Chedallah) consistant en l'installation d'une antenne de l'inspection du travail à ce niveau demeure de mise, car c'est un moyen de surveiller les recrutements.