Le recueil de poésie Tidwirin (les ruches) de Saïd Abdelli, paru ce mois-ci, aux Editions du Haut Commissariat à l'Amazighité, a comme ambition, selon les termes de son auteur, de détromper les nombreuses voix qui tentent de condamner la poésie kabyle de ce siècle à un destin peu glorieux. « La poésie, c'est l'art majeur en Kabylie. Les clairons qui prédisent sa mort ou son essoufflement ne sont que des bavards » assène-t-il. Publié dans le cadre de la collection idlisen-nnegh, ce recueil préfacé par Meksem Zahir, est scindé en cinq chapitres thématiques d'inégale longueur : Timetti (la société), Tagmets (la fraternité), Tayemmat (la mère), Tayri (l'amour) Tassertit (la politique). Inspiré de la poésie de sa grand-mère paternelle, Faïza Amrouche, poétesse citée par Youcef Nacib dan son anthologie, l'ouvrage de Saïd Abdelli est écrit dans un kabyle limpide où les néologismes de mots sont quasiment bannis. Butineur, comme une abeille, Saïd Abdelli, alias Annag ou Vou Vernous, a récolté dans le riche réservoir de la langue kabyle des archaïsmes et des mots peu usités et les a glissés dans sa poésie pour les sauver de l'oubli et leur redonner vie.