Le témoignage d'une triste réalité de Hadj Moulay Driss, président de la fédération des parents d'élèves de la wilaya, a constitué pour ainsi dire un exemple saisissant de toute la situation dramatique des enfants en Algérie. Tayeb, qui reste un écolier studieux et qui sait ce qu'il a à faire chaque jour que Dieu fait, ne se nourrit pas de discours, encore moins de cette batterie de lois et de textes que les responsables ont pris l'habitude de ressasser en pareille circonstance pour dire ce que l'Etat engage comme investissements au profit de la jeunesse, des enfants en âge de scolarisation principalement, à l'aune de la journée mondiale contre le travail des enfants. Jeudi, la problématique a été discutée. Bien discutée du reste au moment où l'auditoire allait être tétanisé par les discours de circonstances de certains représentants d'institutions censées être concernées. Des exemples d'un grave fléau ont pris le dessus sur les chiffres. «A Sougueur, 90% des enfants scolarisés sont confrontés à des problèmes respiratoires, dont l'asthme», fait savoir M. Taibi, président de l'association enfance en détresse. Ce membre de la société civile de Sougueur ajoute que «son association a pris le soin de suivre une cinquantaine d'entre eux», non sans évoquer «la précarité et le seuil de pauvreté alarmant atteint par beaucoup de ces familles qui n'arrivent pas à assurer à leurs progénitures une bonne nourriture». Un député du Parti des Travailleurs, présent dans la salle, évoque, lui, «le recul en matière de droits des enfants, du fait des pressions qu'exercent certains puissants de ce monde», citant un article de loi que l'OIT s'emploie à rectifier par de subtils procédés en parlant, dit-il, de «ces nouvelles formes de travail» qu'il faudrait plutôt codifier. Le droit des enfants n'a pas la même signification ici et là et tend, dira-t-il, vers la banalisation si ce n'est sa tolérance concernant certains métiers avilissants. Le secrétaire général de l'union de wilaya de l'UGTA, Kacemi Abdelhadi, fait savoir qu'«il est impossible à une famille de six enfants de survivre avec 3 000 dinars par mois», d'où, renchérit-il, «il est navrant de parler d'études pour un enfant qui a faim». L'inspection régionale du travail de Tiaret, qui englobe les wilayas de Chlef, Relizane, Saïda et Aïn-Defla, parle des interventions, en 2007, sanctionnées par l'établissement de procès verbaux. 425 infractions liées au travail des enfants ont été constatées. Les trafiquants de sable et ceux des déchets ferreux exploitent les enfants.