Le marché national du ciment connaît, depuis quelques semaines, une flambée inexplicable. Les prix du quintal de ce matériau indispensable à la construction ont pris une courbe ascendante et ne cessent de grimper en flèche. Ils se sont multipliés en l'espace de quelques mois seulement. De 600 à 650 DA avant le début de l'année en cours, le quintal de ciment est passé à 1800 DA dans certaines régions du pays. Un sac de 50 kg de ciment est cédé en moyenne à 650 DA. Des prix qui donnent le vertige. Le constat est le même sur tout le territoire national. A l'est, au centre et à l'ouest du pays, les citoyens et les entrepreneurs se plaignent de cette flambée des prix. Ils s'interrogent sur les raisons d'une telle surenchère. A Annaba, selon nos journalistes, le sac de ciment est vendu à 650 DA. Il y a un manque flagrant de ce matériau dans cette wilaya. La pénurie s'étend jusqu'aux wilayas de Constantine et de Guelma où les spéculateurs dictent leur loi. Le prix du sac de ciment à l'usine est fixé à 230 DA. Dans les dépôts, il est cédé à 300 DA. Mais, le prix est doublé chez les détaillants (650 à 700 DA). Même scénario au centre du pays et à l'ouest. Conséquence : de nombreux chantiers sont à l'arrêt, d'autres risquent d'être suspendus. Pourquoi une telle situation ? Y a-t-il une nouvelle pénurie du ciment ? Selon la Société de gestion des participations (SGP industrie ciment), « il n'y a pas de réduction de la production ». « Durant la période du 1er janvier au 20 avril 2009, la production de ce matériau de construction au niveau du secteur public a augmenté de 9% par rapport à la même période de l'année 2008. Les cimenteries du secteur public fonctionnent actuellement à plein régime », précise la SGP dans un communiqué adressé hier à notre rédaction. La même source affirme cependant que « les prix de vente du ciment, sortie usine, pratiqués par les 12 cimenteries publiques, n'ont connu aucune augmentation depuis le mois de janvier 2007 ». Comment expliquer alors cette hausse ? Une simple observation des éléments cités (augmentation de la production et maintien des prix au même niveau à la sortie des usines et des dépôts) permet de comprendre que la flambée des prix du ciment est une conséquence directe de la spéculation. Un marché mal contrôlé C'est chez les détaillants que les tarifs ont été multipliés. Ce constat impose, en effet, une nouvelle question : où est le rôle des pouvoirs publics qui doivent réguler le marché ? Le dispositif de contrôle mis en place par le gouvernement, en 2008, semble ne pas fonctionner. Sinon, comment est-on retombé dans la même situation que celle de l'année dernière ? Le marché des matériaux de construction a connu, faut-il le rappeler, au début de l'année 2008, une situation similaire à celle d'aujourd'hui. Le gouvernement avait décidé alors d'instaurer des mécanismes de régulation pour mettre un terme à la spéculation. En plus du plafonnement des marges bénéficiaires de chacun des intervenants sur ce marché, l'exécutif voulait imposer « un contrôle strict » en menaçant de représailles tous les contrevenants. Mais rien n'a été fait, semble-t-il, sur ce plan. La SGP s'en défend. Selon ses responsables, « le dispositif de distribution du ciment fonctionne normalement et a permis de mettre de l'ordre et d'assainir le registre clientèle des cimenteries publiques ».