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Misère au quotidien dans les favelas de la honte
Publié dans El Watan le 21 - 06 - 2008

La population de Hdjar Eddis demeure plus que convaincue de son statut de véritables favela. Cette image, elle la doit à son extrême pauvreté et à la précarité qui lui collent éternellement à la peau. Distante de 11 km du chef- lieu Sidi Amar, cette localité, forte de ses 26 000 habitants, concentrés dans les trois grandes cités, Bachir El Ibrahimi, 24 Février et 440 logements, ne cesse de faire appel aux autorités locales et nationales, afin que soit brisé l'enclavement qui l'isole du reste du monde. La misère, avec un taux de chômage avoisinant les 50 %, une prise en charge sanitaire et scolaire des plus précaires, l'insécurité grandissante et un déficit criard en matière de logements, résument le quotidien des habitants de Hdjar Eddis. Ceux-ci sont las d'entendre les récurrentes promesses faites à chaque passage d'un nouveau wali et à chaque arrivée d'un nouveau collège communal. «Notre localité patauge dans des problèmes qui s'éternisent. On nous promet monts et merveilles à chaque passage d'une autorité, mais une fois partie, plus rien. Hdjar Eddis est oubliée. Pourquoi ne pas la rayer de la carte de Annaba, comme ça on s'en débarrassera une bonne fois pour toute ?»
C'est en ces termes que se sont exprimés les citoyens rencontrés. Le ras-le-bol, suscité par les promesses non tenues, se lisait sur tous les visages. Faisant abstraction de tous les autres problèmes liés à leur vie sociale, auxquels ils semblent s'être habitués, ces habitants sont outrés par les coupures fréquentes d'électricité, d'autant que l'été est déjà là. Certains diront à ce propos : «L'agacement dû aux coupures fréquentes de l'électricité a atteint son paroxysme de par les désagréments générés aussi bien pour nous que pour les commerçants. Nos enfants encourent des risques certains en consommant des produits alimentaires, dont la chaîne de froid que nécessite leur conservation, est à chaque fois rompue». Une situation que confirme un membre du comité de quartier de Hdjar Eddis, lorsqu'il affirme: «Cette situation dure depuis plus de 5 ans. Les contacts engagés avec Sonelgaz pour trouver une solution définitive n'ont jamais pu aboutir.
Le dernier en date a eu lieu il y a 6 mois quand nos interlocuteurs de la Sonelgaz avaient promis de renforcer le poste électrique, celui existant n'étant plus à même de satisfaire un quartier aussi important que Hdjar Eddiss». Ces mêmes habitants et ce même représentant du comité de quartier, abordés, reconnaissent toutefois le manque de civisme et la responsabilité du citoyen dans la dégradation, voire la disparition du réseau de l'éclairage public. Le piratage de cette énergie, à partir de poteaux, auquel s'adonne la population locale pour son alimentation, a entraîné la défectuosité et la dégradation des installations de Sonelgaz. De tels actes accroissent l'insécurité, laquelle prend de l'ampleur à Hdjar Eddis.
Ce qui est, de l'avis de la population locale, aggravé par l'absence de postes de sécurité, tous corps confondus. Plusieurs citoyens rencontrés dans un petit commerce de fruits et légumes, où nous avons été énormément incommodés par l'odeur pestilentielle qui se dégageait de l'extérieur, déclarent : «À Hdjar Eddis, ni les services de police ni ceux de la gendarmerie n'ont jugé utile d'installer des postes de surveillance et encore moins le déploiement de leurs éléments sur place. L'unique campement existant reste celui de la police communale, qui plus est, est affecté à la lutte antiterroriste. Pour déposer une plainte, nous sommes contraints de nous déplacer au chef- lieu». Signalons que ces odeurs émanent d'une grande conduite d'eaux usées, éventrée. La situation est quasiment la même au niveau de tous les quartiers de cette localité, et les habitants semblent s'en acclimater, au vu de l'indifférence affichée.
Mohamed, un jeune fraîchement sorti de l'université Badji Mokhtar, et déjà persuadé que toutes les portes d'accès à la vie active lui sont fermées, dira, non sans amertume : «Nous avons depuis fort longtemps apprivoisé ce genre d'odeur. Allez plus loin et vous verrez les masses d'ordures ménagères non enlevées. Les points de collecte sont un peu partout à travers notre cité. Même dans le cadre du programme d'installation de bennes à ordures, engagé sur le territoire de la wilaya de Annaba, Hdjar Eddis en a été curieusement privée. Pourquoi demeurons-nous livrés à notre triste sort ? Que les pouvoirs publics délocalisent ce trou à rats et le rayent carrément de la carte géographique d'Algérie pour s'en débarrasser définitivement!»


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