Ce n'est pas le titre du dernier roman de Yasmina Khadra. Mais sous prétexte de la grippe porcine mexicaine, qui selon un cochon clandestin local qui a préféré garder l'anonymat, peut se transmettre par le sanglier, une campagne nationale d'abattage massive a été déclenchée. L'ennemi n'est plus le terroriste des montagnes, cousin du puma, puisque l'amnistie arrive à grands pas de loup, mais le sanglier. Excellente raison pour parler de cet étrange animal, pas le sanglier mais le sanglier algérien, une espèce assez particulière dans le bestiaire. Car le sanglier algérien, contrairement à ses cousins, est un animal roi. Dans le sens où il vit tranquillement dans la nature où personne ne le mange, et n'a de fait, aucun prédateur, à part les voitures ou les taxis qui le percutent par accident. On ne l'approche d'ailleurs même pas et on l'évite soigneusement, tant il est considéré comme l'animal du diable, son fils ou sa monture. Il vit paisiblement, côtoie les oiseaux, écoute les arbres, mange de tout et surtout les fruits et légumes du PNDA, dort dans des lits de mousse sauvage, boit de l'eau claire et n'a même pas l'ENTV. Le bonheur. A quoi rêve le sanglier algérien ? A pas grand-chose et certainement pas d'Europe, où là-bas, il est chassé, dépecé, conditionné, mis en boîte et consommé. A part en ce moment particulier où il est pourchassé pour des raisons qui ne le concernent pas mais concernent surtout son lointain cousin cochon du Mexique, le sanglier algérien continue de rêver d'Algérie, paradis de fraîcheur et havre de paix dans une planète si meurtrière où la viande est le combustible des 99% de l'humanité. Le sanglier algérien est probablement l'être le plus intelligent au monde. C'est le seul qui a compris qu'il fallait rester là où il est et ne rien demander. C'est d'ailleurs le seul qui a applaudi à la reconduction du gouvernement Ouyahia.