Comment définissez-vous les chiens errants ? – Les chiens errants sont des animaux qui vivent en totale liberté, en groupes de quelques individus ou en meutes beaucoup plus importantes, et qui ne possèdent pas de propriétaire. Ce sont des animaux qui se reproduisent parfaitement à l'état sauvage et qui ont appris à s'adapter à la vie rurale ou citadine, et dans ce cas, se nourrissent le plus souvent d'ordures ménagères. Les chiens qui fuguent peuvent rejoindre ces groupes de chiens errant de manière temporaire ou définitive. Quels risques présentent-ils pour l'homme et la nature? – Une meute de chiens est potentiellement dangereuse dans la mesure où ces animaux peuvent s'attaquer à n'importe qui et occasionner des blessures graves, mais il y a surtout un risque de transmission de la rage qui, comme chacun sait, est une maladie mortelle une fois les premiers symptômes apparus. Sont-ils les seuls vecteurs de la rage et où en sommes-nous dans notre lutte contre ce fléau ? – La rage est très présente en Algérie ; on rencontre malheureusement trop souvent des animaux qui en sont atteints. La lutte passe par l'éradication des vecteurs (chiens et chats errants), la vaccination des carnivores domestiques et des cheptels exposés.Tous les mammifères peuvent contracter la rage et, sachant que le virus rabique est excrété dans la salive, tous les animaux «mordeurs» peuvent être vecteur de la rage. Le plus souvent, ce sont les chiens et les chats qui vivent à proximité de l'homme, mais il ne faut pas sous-estimer les canidés sauvages, même si la rage que l'on rencontre chez nous est dite «citadine». Nous avons des populations importantes de chacals et de renards qui jouent sûrement un rôle de réservoir sauvage important. En effet, il y a eu des attaques sur des populations rurales de chacals fortement suspectés d'avoir la rage, alors que ces animaux sont très craintifs et fuient systématiquement à la vue d'un être humain. Je tiens à préciser qu'en matière de lutte contre la rage plusieurs pays ont éradiqué ce fléau il y a quelques années déjà, et ce, grâce à la vaccination des populations de canidés sauvages à l'aide d'appâts dispersés par voie aérienne, en plus des autres mesures citées précédemment, bien entendu. A votre connaissance, comment sont récupérés les chiens errants et qu'advient-ils d'eux ? – Ils subissent deux sorts : le premier est la fourrière canine où ils seront tués par électrocution après avoir été capturés par les services en question, le second est l'abattage par arme à feu lors de battues qui sont organisées, en sachant que cela se produit en pleine ville avec les risques que cela implique… Un message …? Je suis d'avis à ce que les autorités compétentes pratiquent la vaccination par voie orale des canidés sauvages, comme cela se fait ailleurs au vu des excellents résultats obtenus (plusieurs pays européens sont devenus ''indemnes'' de rage après cette expérience) et ensuite qu'on fournisse du matériel adapté aux vétérinaires de la Fonction publique qui sont en charge de la vaccination des chiens et des chats dans les fermes et en zone rurale (épuisettes, lassos, sarbacanes), car ceux-ci sont impuissants lorsqu'il s'agit de vacciner des chiens qui n'ont jamais vu de vétérinaire et qui sont naturellement agressifs, essayer de moderniser les différentes fourrières afin d'améliorer les conditions de détention et d'abattage des animaux errants, et enfin, mettre en place un système d'identification national des chiens et chats domestiques, ce qui permettra de les distinguer des autres!