Plein de pudeur, réservé, il nous avoue sa joie infinie d'être ainsi récompensé à l'occasion de l'hommage qui lui a été rendu mardi, au Bastion 23, par l'association Mezghena, dont il en est membre et maître virtuose. Les mélomanes, les férus de musique andalouse, la famille, les amis n'ont pas manqué ce rendez-vous qui marque non pas «la fin d'une carrière», comme nous l'a signifié Mehamsadji Mohamed, secrétaire général de l'association, mais une halte salvatrice pour honorer ceux qui le méritent. Bestandji Réda, président de l'association Mezghena, était là aux côtés du grand maître Ahmed Serri et d'autres artistes tout aussi amoureux de ce style musical enchanteur. Et quelle meilleure entrée en matière, que cette «dakhla» bien algéroise d'Anys au milieu d'une haie formée de joueurs de Zorna qui a suscité l'enthousiasme de présents, et quelques youyous. Puis vint la présentation de cet artiste formateur né en juillet 1940 à Alger, d'un père musicien réputé et qui a fait ses classes chez Abderzak Fekhardji avant de prodiguer, à son tour, l'enseignement de la musique aux jeunes à travers plusieurs quartiers de la capitale et qui le lui ont bien rendu à travers un bouquet de qacidate chantées en son honneur. Virtuose de la mandoline, Anys donna un aperçu de son immense talent devant une assistance subjuguée, un talent qu'il mit au service d'orchestres renommés de la musique classique andalouse sous la direction de monstres sacrés comme Sid Ahmed Serri, Mohamed Khaznadji ou Saddek El Bédjaoui … L'Association Mezghena, qu'il rejoignit en 1999, dirigée par M. Bestandji, et dont il est l'un des membres majeurs, l'a sorti de l'anonymat qui, hélas, est le lot quotidien et le dénominateur commun de tous les artistes. Le chanteur à la voie mélodieuse, Mokdad Zerrouk, accompagné de son orchestre, a, à sa manière, gratifié son ami Anys avec lequel il partage la même passion de la musique classique andalouse. Une musique qui pourrait se perdre dans les méandres de l'oubli, avertit Réda Bestandji, qui essaie autant que faire se peut et avec les moyens de bord, de pérenniser ce patrimoine qui reste une des composantes de notre culture, de notre identité…