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Ngalasso Mwatha Musanji (Sociolinguiste congolais)
Publié dans El Watan le 24 - 07 - 2008

– La quatrième biennale des littératures d´Afrique noire s´est déroulée du 31 mars au 5 avril dernier sous votre direction à Bordeaux. Pourquoi une telle biennale ?
– La manifestation a pour objectif de faire connaître le livre africain au public français désireux de découvrir les écrivains et les cultures que portent leurs œuvres. Il s'agit d'abord de rendre possible la rencontre des auteurs et de leurs lecteurs, actuels ou potentiels et favoriser ainsi un échange direct. Il s'agit également de permettre tant aux lecteurs qu´aux universitaires de rentrer en contact avec des auteurs étrangers écrivant en français et de travailler avec eux dans des ateliers d'écriture ou de lecture. La biennale est donc une occasion de réunir à la fois le monde de l'éducation, des opérateurs culturels et le grand public autour du livre africain. Le remarquable succès rencontré depuis 2002 impose la biennale des littératures d'Afrique noire comme une manifestation culturelle majeure en Aquitaine. La quatrième édition a confirmé ce succès.
– Vous présidez aux destinées du Centre d'Etudes linguistiques et littéraires francophones et africaines. Quels sont ses objectifs et quels liens entretient-il avec le monde littéraire africain et maghrébin en particulier ?
– Le Celfa a été créé en 1969 à l'Université de Bordeaux 3. Au départ le centre, qui s'appelait Celma, soit le Centre d'Etudes Littéraires Maghrébines et Afro-antillaises, s'occupait uniquement des littératures produites en français au Maghreb, en Afrique subsaharienne et dans les Caraïbes. Ses objectifs se sont, progressivement, élargis pour inclure, d'une part, la dimension linguistique et, d'autre part, les littératures écrites dans d'autres langues que le français. Il s'agit donc d'un vaste domaine de recherche où l'Afrique, et le Maghreb en particulier, occupent une place centrale en raison du nombre de chercheurs travaillant sur cet espace au sein du Centre. Le Celfa organise régulièrement des rencontres scientifiques (colloques internationaux, séminaires, journées d'études) mais aussi avec les écrivains. Il reçoit également des universitaires en séjour de recherche pour des durées de un à trois mois. Enfin, le centre possède un fonds documentaire important sur les littératures francophones (textes de fiction ou de critique, revues spécialisées, cédéroms). Ce fonds est relayé par une base de données bibliographique, le Litaf (Littératures africaines), consultable sur la toile.
– Vous avez dirigé le classement du fonds dit des «anonymes orientaux» à la Bibliothèque Nationale de France. Pouvez-vous imaginer faire un travail similaire en Afrique ?
– Par «anonymes orientaux», on désigne en réalité un ensemble de textes écrits en langues africaines et conservés à la Bibliothèque Nationale de France. Certains de ces textes, parmi les plus anciens, sont écrits en caractères arabes, en ajami, une forme spécifiquement adaptée à l'écriture des langues disposant d'une quantité importante de voyelles, alors que l'écriture arabe normative note essentiellement les symboles consonantiques. D'autres textes, les plus récents, sont en caractères romains. C'est à ce dernier fonds, immédiatement accessible à la plupart des chercheurs, que nous nous sommes d'abord attachés. La notion d' «anonyme», au sens bibliothéconomique, recouvre non seulement des textes qui ne portent pas la signature d'auteurs individuels, mais aussi des écrits rédigés par plus de trois auteurs. Le premier volume du répertoire sera publié par la BNF en 2009, dans une édition en ligne et sur support papier. L'intérêt d'un tel répertoire et de sa publication en ligne est de permettre aux chercheurs d'accéder aux œuvres authentiques numérisées tout en évitant de manipuler des ouvrages rares, souvent en piteux état. Peut-on envisager de faire un travail similaire en Afrique ? La réponse est évidemment oui. Un inventaire des textes en diverses langues africaines transcrites en caractères arabes serait très intéressant à constituer à partir de diverses bibliothèques, par exemple celles d'Alger, du Caire, de Nouakchott ou d'ailleurs. Ce serait une bonne façon de montrer l'importance des relations interafricaines dans le passé et la nécessité de les développer dans le but de construire l'intégration du continent dans tous les domaines.
– Je vous pose la même question pour la création du Dictionnaire plurilingue d'Afrique que vous avez également dirigé ?
– Le projet Dico Plus (Dictionnaires plurilingues) est né en décembre 2000. L'idée est de créer une collection de dictionnaires plurilingues afin d'illustrer le partenariat dynamique entre le français et les autres langues parlées dans l'espace dit «francophone». Les ouvrages en élaboration actuellement sont des dictionnaires trilingues à l'intention d'un public scolaire. D'où une nomenclature limitée à environ 15.000 mots du vocabulaire courant. L'objectif est de contribuer au développement équilibré du français et des langues nationales en créant un espace d'échange populaire, en proposant un outil de référence qui soit utile pour l'apprentissage conjoint des langues de grande communication, de manière directe et conviviale. Les premiers dictionnaires paraîtront en 2009. Il s'agit du Dictionnaire français-mande-poular pour l'Afrique de l'ouest et du Dictionnaire français-lingala-sango pour l'Afrique centrale. Le Dictionnaire français-kiswahili-hausa est en préparation et devrait paraître en 2010. D'autres dictionnaires devraient suivre, incluant des langues comme l'arabe, le wolof, le kikongo ou le créole. Un dictionnaire intégrant l'arabe, le kiswahili et le hausa semble particulièrement souhaitable, les deux dernières langues africaines comportant un pourcentage élevé de vocabulaire provenant historiquement de la langue arabe.
– Quels échos ont eu ces travaux dans le monde, et en Afrique plus particulièrement ?
– Les trois dictionnaires dont je viens de parler sont les premiers de la série. D'autres suivront selon un rythme qu'il reste à définir. Partout où nous faisons connaître le projet, les échos sont extrêmement positifs. Il y a une vraie attente parce qu'il y a un vrai besoin de ce type d'instruments de travail, notamment pour la scolarisation. L'attente est importante car, dans leur immense majorité, les responsables de l'éducation des Etats africains souhaitent aujourd'hui intégrer les langues nationales à l'école à côté du français, dans la perspective d'un enseignement bilingue. Dans les pays de l'Afrique de l'ouest comme le Mali, le Burkina Faso ou le Sénégal qui expérimentent, déjà, des programmes d'enseignement bilingue, nos ouvrages sont particulièrement attendus.
– Aux côtés d´autres intellectuels africains, vous avez participé à la rédaction d´un livre de réponse au discours de Dakar du président français Nicolas Sarkozy. En quoi cette démarche vous semble-t-elle utile ?
– L'ouvrage collectif intitulé L'Afrique répond à Sarkozy. Contre le discours de Dakar, rédigé par des intellectuels de divers pays du continent, a eu un écho immédiat parmi la jeunesse et les intellectuels africains, ce qui montre qu'il était utile et opportun de l'écrire. Il ne s'agit pas d'un ouvrage polémique ni d'un livre d'humeur, mais d'une réponse vigoureuse et rigoureuse à des affirmations archaïques, contestables et insultantes pour les Africains. C'est une occasion pour nous d'engager une réflexion de fond sur nos problèmes et de faire le point sur notre relation avec le monde, notamment avec les anciennes puissances coloniales, mais aussi entre nous, Africains du nord et du sud, de l'est et de l'ouest, du centre et de la périphérie. L'avenir du continent dépend d'abord des Africains s'ils savent s'unir, s'organiser, se gouverner de façon autonome en tirant le meilleur parti des immenses potentialités dont regorge le continent. Il s'agit, en cette période de mondialisation sans frein, de ne pas se laisser distraire des enjeux essentiels : santé, éducation, développement industriel et agricole, bonne gouvernance, respect des droits humains, la bonne gestion de l'environnement naturel et culturel. La mondialisation comporte un réel risque de naufrage si l'Afrique accepte de jouer le jeu de sa propre désintégration. La mondialisation est une chance pour notre continent qui peut être puissant et respecté s'il est uni et intégré.
Repères
L'écrivain algérien Hamid Skif tient en très haute estime la personne et le travail du Congolais Ngalasso Mwatha Musanji qu'il a rencontré à Bordeaux pour cette interview. Professeur de sociolinguistique et de linguistique africaine à l´université Michel de Montaigne de Bordeaux, le professeur Musanji est aussi musicien. Organiste de qualité, il cache, derrière sa modestie, d'immenses talents.
Né en 1943 dans un petit village à l´est de Kinshasa, l´homme parle une dizaine de langues et publie sans discontinuité ses multiples recherches sur la dynamique des langues et les politiques linguistiques en Afrique. Son œuvre fondamentale est constituée par la mise au point de dictionnaires plurilingues dont l´édition est en cours. Ngalasso Mwatha Musanji dirige, également, le Celfa et participe de diverses manières à la promotion de la littérature africaine en France.


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