Six ans après la catastrophe naturelle qui a dévasté la wilaya de Boumerdès, des centaines de familles sinistrées continuent de vivre dans des chalets dépourvus de commodités. Qu'en est-il de l'opération relogement des sinistrés de cette wilaya ? A-t-on réalisé le programme des 8000 logements qui leur est destiné ? Les chiffres en notre possession montrent que le défi a été relevé malgré les retards et certaines insuffisances qui ont caractérisé la gestion post-séisme. Aujourd'hui, nul ne peut nier les efforts consentis par l'Etat dans la prise en charge de ses familles endeuillées par la catastrophe. Preuve en est ces milliers d'entre elles qui ont bénéficié de logements neufs à travers les différentes communes de la wilaya. Néanmoins, cela ne nous empêche pas de rappeler ces familles qui occupent à ce jour les chalets en raison des retards enregistrés dans la réalisation de quelques programmes de logements lancés au titre du programme susmentionné. Près de 2000 familles dont les habitations ont été complètement effondrées suite au séisme du 21 mai 2003 occupent encore des chalets. 830 parmi elles ont opté pour la reconstruction dans le cadre collectif. Leurs projets (huit) ont été confiés à des promoteurs désignés par la wilaya. Le montage financier comprend l'aide de l'Etat de l'ordre d'un million de dinars, un crédit bancaire avec un taux d'intérêt bonifié et l'apport des bénéficiaires. Les travaux de réalisation de ces projets ont connu d'inextricables blocages dus au mode de financement. Le grand retard est enregistré, notamment dans le projet des 520 unités de la cité Ibn Khaldoun, et le projet des 140 logements implanté à la cité 11 Décembre. Les citoyens, qui ont opté pour cette formule souhaitent un assouplissement de la procédure de libération de l'aide de l'Etat versée par la CNL, à l'instar de ce qui se fait dans le cadre de l'aide directe. Il est à noter par ailleurs que 2220 dossiers parmi les 2474 enregistrés dans le cadre de l'aide à la reconstruction individuelle sont clôturés. Le reste, soit 254 bénéficiaires, n'ont pas encore achevé les travaux de reconstruction de leurs bâtisses. Plusieurs centaines d'entre ceux qui ont opté pour cette aide, attribuée conformément au décret exécutif du 03/314 du 16 septembre 2003, n'ont pas libéré les chalets qui leur ont été livrés après le séisme, en dépit de la reconstruction de leurs bâtisses. Dans d'autres communes, à l'instar de celles des Issers et Dellys, plusieurs familles sinistrées ont refusé d'être relogées en dehors de leurs communes de résidence et attendent l'achèvement des projets qui y sont en cours de réalisation pour leur recasement définitif. Donc, ce n'est pas à l'indisponibilité de logements qu'est dû le non-recasement de la totalité des familles sinistrées de cette wilaya. Les responsables de l'OPGI avancent le chiffre de 7046 logements réalisés au titre du programme des 8000 logements. Et parmi les 6158 unités dont la liste des attributaires a été arrêtée, seuls 5767 sont livrées et habitées. Le reste sera attribué incessamment, ajoutent-ils. Ainsi 954 unités des 8000 prévues ne sont-elles pas encore achevées. 100 d'entre elles sont en cours de réalisation à Cap Djenet et 340 à Dellys. La grande partie de ce dernier projet est en voie d'achèvement, tandis que le reste (36) est à 60% d'avancement. Ici, le chantier peine à plier bagage pour laisser place à des logements qui se font désirer. Les familles ayant exprimé leur refus d'aller vers d'autres localités prennent toujours leur mal en patience. La même situation a pénalisé plusieurs familles de la commune des Issers où une partie (144) du programme des 300 logements qui y est lancé n'est pas encore achevée, faute d'entreprises performantes. Ce genre de retard concerne aussi les 30 logements implantés dans la commune de Keddara dont la réception est prévue pour la fin de l'année en cours. Le quota restant qui compte 340 unités est attendu pour 2011. Nos interlocuteurs précisent que 200 d'entre elles sont implantées à Baghlia. Les responsables de l'Opgi expliquent le retard mis dans les travaux par la résiliation de contrats suite à la défaillance des entreprises engagées pour sa réalisation. « Nous avons résilié le contrat avec deux entreprises (Gico et Ossol), mais nous sommes en train de refaire les études et nous allons modifier le cahier des charges afin de permettre aux entreprises locales de soumissionner », indiquent-ils. Dans cette commune, nos sources indiquent qu'il n'y a plus de familles sinistrées à reloger. Donc, le programme sera versé dans le chapitre de l'habitat social. L'autre projet qui connaît d'énormes retards est celui des 140 logements prévus initialement dans la commune de Bordj Ménaïel. Ce dernier, suite à l'indisponibilité du terrain dans cette dernière, a été transféré vers la commune de Khemis El Khechna. « Mais là aussi on a rencontré le même problème », précisent encore nos sources qui disent « attendre toujours la distraction du terrain pour entamer le projet ». L'autre explication que l'on pourra déduire des chiffres communiqués par l'Opgi est celle inhérente au programme de logements achevés, dont la livraison n'est pas encore intervenue, en dépit de l'impatience des postulants qui ont constamment les yeux rivés sur un quota de 1279 unités im mobilières. On s'interroge sur les raisons du retard enregistré concernant leur attribution, particulièrement au niveau de cinq communes entre autres Zemmouri et Tidjelabine, durement touchées par le cataclysme du 21 mai 2003. Afin de ne pas laisser ces logements à l'état d'abandon, les autorités de la wilaya ont pris la décision d'en livrer une partie dans le cadre du social. Ces reliquats sont constatés à titre d'exemple dans les communes de Ouled Moussa avec 250 unités, Si Mustapha (100), Ouled Haddadj (50) et Ammal (20). Mais leur livraison se fait toujours attendre. Par ailleurs, sur les 57 000 habitations classées dans la catégorie Vert 02 et Orange 03 par les services du CTC, 54 000 ont été réhabilitées à 100% dans le cadre des aides versées directement par la Caisse nationale du logement aux propriétaires, conformément au décret exécutif du 03/227 du 22 juin 2003. Le montant de l'aide est plafonné à 200 000 DA pour la première catégorie et 400 000 DA pour la deuxième.