Cinq ans après le séisme du 21 mai 2003, il reste quelque 5% des sinistrés à reloger, selon les données officielles. Boumerdès. De notre bureau Ceux-ci attendent impatiemment que leur tour de bénéficier d'un logement arrive... Continuer à vivre dans les chalets, disent quelques sinistrés, est une chose difficile à supporter, d'autant plus que les moyens et les commodités les plus élémentaires y font défaut. « Tous les sinistrés seront relogés avant l'hiver 2006 », tel est le discours des officiels d'alors, tenu pour atténuer les malheurs des sinistrés endeuillés par la catastrophe. Sans toutefois préciser la nature des logements, ledit discours qui avait nourri tant d'espoirs chez les sinistrés s'est avéré être un leurre puisque des centaines d'entre eux attendent désespérément, à ce jour, d'être relogés dans des logements décents. Même le président de la République a utilisé « la question » du relogement des sinistrés comme chapitre important de la campagne électorale pour la présidentielle de 2004. Mais « bien qu'il ait raflé la quasi-totalité des voix de cette région, le Président n'a pas daigné y revenir pour s'enquérir de la situation peu reluisante des sinistrés qui continuent à vivre dans le provisoire », nous dit un sinistré. « Veut-on refaire le scénario de Chlef où les sinistrés, lassés de vivre dans les chalets, ont fini par crier leurs revendications dans la rue ? », s'interroge un sinistré de Thénia qui trouve que l'attente a été trop longue. Mais heureusement, le projet de construction des 250 logements pour les sinistrés de cette ville, octroyé aux Chinois, avance très vite et les logements seront livrés d'ici peu. Dans cette localité qui a été durement touchée par le séisme, les autorités locales avancent le chiffre de 120 sinistrés à reloger incessamment. Néanmoins, disent les habitants, les sites sont dépourvus du strict minimum. Que se soit à Sghirate 1 qui abrite 833 chalets ou à Hai Ellouze (213) ou partout ailleurs, les conditions dans lesquelles se débattent les habitants laissent à désirer. Routes délabrées, chalets dégradés, absence d'infrastructures de jeunes et d'espaces verts, eaux usées se déversant dans la nature et l'insalubrité sont autant de maux auxquels sont voués les résidants. Ainsi, les prétendus moyens qui ont été mis en place ne répondent en aucun cas aux attentes des sinistrés. « Nous n'avons que des chalets qui se dégradent de jour en jour », fulmine Amar, un sinistré habitant à Hai Ellouz en notant que le site abrite plus de deux mille âmes. Une situation de blocage contestée Dans la commune de Si Mustapha, le P/APC avance le chiffre de 130 sinistrés qui ne sont pas encore relogés. Celui-ci nous avoue aussi que les 320 logements achevés seront destinés exclusivement aux sinistrés. A Naciria où l'on dénombre 170 chalets, les problèmes inhérents au logement sont légion. Ici, une dizaine de sinistrés refusent depuis plus d'une année les logements qui leur sont destinés. Ces derniers qui parlent de « cas d'injustice » commise à leur égard soulignent que les spécificités de leurs familles ne sont pas prises en compte par la commission d'attribution. « Je préfère rester dans les chalets que de bénéficier d'un logement qui ne répond pas aux besoins de ma famille », lance Kamel, une quarantaine d'années. Dans la commune de Bordj Menaiel où l'on dénombre plus de mille chalets répartis sur trois sites, les sinistrés qu'on a rencontrés se plaignent d'absence d'infrastructures pouvant servir de refuge aux enfants habitant les lieux. L'école primaire qui a été érigée au niveau du site Oued Besbès (119 chalets) est saccagée avant sa réception, disent les sinistrés mécontents, avant d'ajouter que le matériel est pillé et dérobé sans qu'aucune autorité ne bouge d'un iota. « Nos enfants parcourent deux kilomètres environ pour rejoindre les infrastructures scolaires de la périphérie », déplore un parent d'élève. La même situation est vivement contestée par les sinistrés habitant au site dit Vachet, au sud du chef-lieu. Là aussi, l'école primaire qui a été construite en préfabriqué est saccagée et personne n'a songé à sa reconstruction pour permettre aux enfants de ce site de suivre leurs études dans de meilleures conditions. Dans cette commune, ajoutent nos sources, plus de 100 chalets sont occupés de manière illicite par des familles ayant réclamé des chalets dans le cadre social. Pour ce qui est de la commune de Souk El Had, le P/APC nous dira : « Nous avons une vingtaine de sinistrés non relogés et 144 chalets occupés dans leur majorité par des postulants pour le logement social et d'autres familles dont les habitations sont classées ‘‘orange quatre'' par les services CTC. » A Beni Amrane, les autorités locales avancent le nombre de 14 sinistrés non relogés à ce jour et 16 cas classés catégorie « orange quatre » et 236 chalets attribués dans le cadre social.