L'exposition regroupe tous ses états d'âme. «Toutes ces toiles sont une partie de mon être. Je m'exprime en entier à travers cette exposition.Ces œuvres cherchent toujours à exprimer deux extrêmes : tradition et modernité traduites par des couleurs chaudes et froides», nous confiera-t-il. Le Sahara est le thème dominant. L'artiste y a trouvé, à l'occasion de plusieurs retraites spirituelles, les sources de son inspiration : «Le Sahara m'a permis de saisir la notion de beauté qui habite l'Algérie. Il purifie l'âme, éliminant le côté matériel et redonnant au spirituel toute son importance. Le Targui représente à lui seul l'ensemble de la personnalité algérienne, nomade et rebelle». Ce dernier est dépeint sous toutes les coutures. Mais la toile qui vaut le déplacement est sans conteste celle intitulée Dernier regard. De ce portrait, seuls les yeux nous apparaissent, le visage est protégé du soleil par un chèche bleu. Le visiteur pénètre dans l'œuvre comme aspiré par l'intensité et la force du regard. L'artiste s'identifie à un sociologue, représentant ce qu'il croit percevoir de la réalité algérienne. «La femme est instrumentalisée. Il en va de la responsabilité de tous de lui redonner sa juste valeur», affirme-t-il. Le portrait, placé au début de la collection, exprime comme le souligne son titre Jeune femme algérienne toute la complexité de la situation de cette dernière. Ici aussi, tout se transmet par un regard, en biais et mi-caché. Une dernière thématique se retrouve tout au long de l'exposition : thé et café. Celle-ci est pour, Youcef Ben Mahammed, un symbole des instants fugaces et éphémères. Du rituel du thé en plein Sahara au «café-cigarette» de la ville, «chaque région du pays à sa façon d'accueillir». Une hospitalité ! De l'ensemble de ses œuvres se dégage une profonde humanité ancrée dans une Algérie contemporaine et traditionnelle, «une continuité pour imposer une identité».