Arts plastiques n Youcef Ben Mahammed expose à l'espace cybergalerie de Didouche-Mourad une vingtaine de tableaux. Sa peinture s'organise, se déploie et se développe autour du Sahara, thème cher à nombre d'artistes. En art comme en littérature, le Sahara semble occuper une place importante, voire prépondérante dans l'imaginaire aussi bien de l'artiste que celui de l'écrivain. Chez Youcef Ben Mahammed, le Sahara, et cela apparaît à travers ses peintures, est le lieu où l'inspiration est révélée, où la sensibilité est invoquée et où s'accomplit le geste créatif. Tassili Nadjer, Tergui au cache bleu, Elégance tergui ou encore Homme bleu sont autant de titres que de thèmes qui tissent notamment en couleurs la trame picturale de l'artiste, et dans laquelle sont racontées la beauté, l'histoire et la culture du Sud algérien. L'artiste, natif d'Oran et autodidacte, semble chercher à travers ses peintures à s'exprimer en entier, à exprimer une sensibilité et cette poésie qui se dégage de ces lieux qui restent encore – et peut-être à jamais – énigmatiques. Il cherche à exprimer le beau. Car en effet le Sahara de tout temps a permis aux artistes comme aux écrivains de dire le beau, l'exprimer dans sa splendeur et sa rareté. Dans ces peintures, il n'y a point de goût pour le pittoresque ou le merveilleux, seulement un intérêt et une recherche pour l'authenticité, chose que l'artiste s'emploie à dépeindre et à illustrer à travers ses personnages, les targuis, pour continuer à représenter pour lui une sincérité et également une humanité. Ici, l'authenticité devient élégance, convenance et un choix de vivre. Si l'artiste cultive un goût accentué pour le Sahara, c'est seulement parce que celui-ci est l'expression évidente de tout ce qui peut être naturel, immatériel. Le Sahara reste synonyme de spiritualité, où la matérialité semble ne plus exister comme telle. Elle s'évapore et cède le pas à l'éthéré, à l'harmonieux, à la poésie élémentaire et au mysticisme le plus purificateur et réconciliateur. Tout cela est décelable dans la peinture de Youcef Ben Mahammed. Parmi les peintures qui sont exposées, il y en a une qui attire le regard et l'intéresse, voire le fait chavirer, c'est celle qui a pour titre Dernier regard , et où est représenté le portrait d'un homme targui. Le visage est caché par un litham. Seuls les yeux apparaissent – des regards persistants, expressifs, voire parfois suggestifs. Ce portrait de l'homme bleu où la force du regard est grande et saisissante, est d'une grande intensité à la fois descriptive et émotionnelle. Des tableaux comme ceux qui s'articulent autour du thé expriment l'authenticité du Sahara et aussi celle de sa population. Ainsi, dans Thé, l'artiste exprime le rituel du thé en plein Sahara. Ce même rituel renvoie à l'hospitalité des hommes bleus.