Alors que le Conseil des ministres français s'apprête à examiner et à adopter – avant son passage à l'assemblée nationale et au Sénat – le projet relatif à la réparation des conséquences sanitaires des essais nucléaires français au Sahara et en Polynésie » annoncé le 20 février dernier par le ministre de la Défense, Hervé Morin, El Watan s'est rapproché de deux personnalités au cœur du dossier. Il s'agit de Marcel Jurien de La Gravière, délégué à la Sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la défense, et Patrice Bouveret, président de l'Observatoire des armements, coprésident du comité Vérité Justice. Les deux spécialistes ne partagent pas la même analyse et ne développent pas les mêmes certitudes sur les mesures prises lors des essais nucléaires français et de leurs conséquences sanitaires et environnementales au Sahara algérien de 1960 à 1967 et sur la responsabilité des autorités françaises. Ils s'expriment l'un et l'autre sur l'avant-projet de loi rendu public par le ministre de la Défense, Hervé Morin. Nous noterons que cet avant-projet de loi relatif aux conséquences sanitaires des essais nucléaires au Sahara algérien et en Polynésie induit la reconnaissance de fait par l'Etat français que ces essais n'ont pas été aussi « propres » que ce qui a été affirmé avec constance. Cet avant-projet de loi a été précédé de 18 propositions formulées par des parlementaires, par une montée au créneau de vétérans constitués en association, l'Aven, dont le siège est à Lyon, et Mururoa de Tatou, en Polynésie, accompagnés par des chercheurs, des parlementaires et des juristes pour les actions en justice, ainsi que par la médiatisation de leur action. Concernant les essais nucléaires au Sahara, un comité d'experts français et algériens a été constitué à la suite de la visite du président Sarkozy en Algérie en décembre 2007 et est à pied d'œuvre. Il devra se réunir à nouveau à Alger dans les prochains jours ou dans les semaines à venir.