– Quelles sont les retombées du séquençage du génome humain sur votre domaine de recherche ? – Le séquençage du génome humain a permis de passer du stade artisanal au stade industriel de la génétique. Ses retombées sur le retard mental sont les mêmes que dans tous les domaines de la génétique humaine. Aujourd'hui, il est possible d'avoir sous les yeux le texte de notre patrimoine génétique en un clic de souris. Mais il faut nuancer un peu notre enthousiasme : entre lire et comprendre un texte, il y a un fossé pas toujours facile à combler. Le chiffre exact sur le nombre de gènes existant chez l'homme (25 ou 30 000) n'est pas encore tranché. Nous ne savons pas non plus quel(s) rôle(s) il(s) joue(nt) dans fonction de la cellule ? Comment et avec quel dosage ils vont interagir entre eux pour faire que tout homme soit unique y compris au regard de maladies. – Qu'en est-il de l'Algérie dans la recherche sur les retards mentaux ? – La contribution de médecins et chercheurs algériens, au sein des équipes spécialisées, le plus souvent à l'étranger, s'est souvent avérée décisive dans la recherche de gènes impliqués dans le retard mental et plus particulièrement ceux, localisés sur d'autres chromosomes que le chromosome X. La consanguinité, qui est un fait avéré dans la structure sociologique et familiale en Algérie (estimée autour de 35%), contribue à l'amplification des anomalies génétiques dites autosomiques récessives, car la probabilité de rencontre de deux copies anormales d'un même gène, indispensable à l'expression de la maladie, est beaucoup plus grande. – Quelles sont les entraves à la recherche génétique en Algérie ? – Je ne parlerai pas d'entraves mais de conditions non encore optimales. Les hommes sont là, puisqu'il existe, à travers la commission nationale de génétique, une équipe volontaire qui, avec beaucoup de difficultés, tente de dynamiser la génétique humaine. Par ailleurs, j'ajouterai que la génétique humaine ne peut se suffire à elle-même et il me semble qu'en Algérie, elle souffre d'un manque d'intégration des différents moyens d'investigations cliniques et biologiques. A titre d'exemple, une recherche performante sur le retard mental ne peut s'envisager sans la participation concertée de neuropédiatres (pour la clinique et le morphotype) de neuropsychologues (pour l'évaluation du retard mental), de biologistes (pour les explorations métaboliques, de cytogénéticiens (pour les chromosomes) de radiologues disposant d'une imagerie performante (pour les malformations cérébrales), etc. Ce sont de véritables réseaux dont il est question.