Tassili Airlines continue à faire couler beaucoup d'encre. Depuis sa création en 2000 grâce à des capitaux mixtes (Air Algérie 50%-Sonatrach 50%) pour assurer la liaison entre les bases pétrolières du Sud et les grandes villes du nord du pays, cette compagnie ne cesse de faire parler d'elle non pas pour avoir réussi de grands exploits dans le domaine du transport aérien, mais plutôt pour son incapacité à atteindre, dans les délais, les objectifs qui lui sont assignés. La cession par Air Algérie de ses parts au profit de Sonatrach en avril 2005 et le nouveau plan d'action annoncé en grande pompe n'a pas changé son destin. Au contraire, de nombreux observateurs s'accordent à dire que cette compagnie, qui voulait –outre assurer le transport des pétroliers– contribuer grandement au développement du transport aérien domestique, a englouti d'importants budgets pour un piètre résultat. Après plus de dix ans de présence sur le marché, elle peine toujours à « décoller ». S'il est encore tôt de faire la moindre appréciation du travail de la nouvelle direction, il reste que l'écart entre les objectifs et les résultats obtenus est important pour qu'il passe inaperçu. Un dossier détaillé, élaboré par Air Algérie, a attiré l'attention des pouvoirs publics sur le degré de la déperdition des moyens alloués au transport aérien. On apprend que le Premier ministre suit personnellement ce dossier jugé d'une « grande importance » au moment où l'Algérie cherche à améliorer le transport aérien. Un secteur qui fait l'objet d'une rude concurrence des compagnies étrangères. Le président-directeur général d'Air Algérie, Abdelwahid Bouabdallah, nous a affirmé hier qu'il avait présenté son rapport lors d'un conseil interministériel qui s'est tenu récemment et qu'il avait demandé à ce qu'« on éclaircisse le ciel algérien » pour une « meilleure rationalisation » des moyens. « Déperdition » Selon lui, il y a bien déperdition de moyens humains et matériels. « Deux compagnies publiques qui se disputent un marché domestique peu attractif et peu rentable, alors que la tendance actuelle dans le monde va vers la fusion et la filialisation des compagnies publiques comme l'a fait Air France avec notamment Poste aérienne », nous indique-t-il. M. Bouabdallah regrette l'absence d'échanges et de partenariat entre ces deux compagnies. Il se demande dans ce contexte pourquoi Tassili Airlines se lance dans la construction d'une nouvelle base de maintenance au niveau de l'aéroport d'Alger pour un coût de 200 millions de dollars, alors qu'Air Algérie dispose de la base de maintenance la plus grande en Afrique sollicitée par de grandes compagnies internationales. Pourquoi faire ? Certes, Tassili Airlines ambitionne d'acquérir une moyenne de 40 appareils d'ici à 2010, avec un montant global de un milliard de dollars. Mais elle peine déjà à rentabiliser les quatre appareils de type Q400, module 70 places qu'elle a achetés en 2007 auprès du constructeur canadien Bombardier. Des appareils qui ont été plusieurs fois cloués au sol pour des raisons techniques. Le PDG d'Air Algérie relève le fait que depuis le transfert des moyens à Tassili Airlines, Air Algérie ne fait plus de l'agroaérien, de la lutte antiacrédienne, de l'évacuation sanitaire... Elle ne dispose plus d'avions-taxis. Face à cette dualité contre-productive, le PDG d'Air Algérie estime qu'il est « urgent » de mettre en place une « stratégie » pour le secteur aérien. « Je ne suis pas contre l'existence de deux compagnies publiques. Il faut juste clarifier les missions de chacune pour qu'on puisse aller de l'avant », souligne-t-il, affirmant qu'il est nécessaire de savoir si par exemple Tassili Airlines est une compagnie pour les pétroliers ou pour autre chose. Depuis 2005, Tassili Airlines ambitionne de devenir une compagnie aérienne à part entière, desservant les lignes intérieures. Mais son plan d'action 2005-2009 portant, notamment, acquisition d'une quarantaine d'avions accuse beaucoup de retard. Quel avenir donc pour Tassili Airlines ? Le dossier concernant cette compagnie serait au menu du prochain conseil des ministres, apprend-on de source sûre.