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Le ton menaçant pris par Pyongyang est la conséquence de la décision de Séoul Corentin Brustlein, chercheur à l'Institut français des relations internationales, Paris
Après avoir procédé à un nouveau tir de missile de courte portée, la Corée du Nord a menacé Séoul de représailles et déclaré ne plus être liée par l'armistice de 1953 qui mit fin au conflit entre les deux Corée. Avec 6 missiles tirés depuis lundi, la Corée du Nord hausse le ton et ne s'estime plus liée par l'armistice de 1953 avec la Corée du Sud. Peut-on craindre un embrasement de la région et une attaque militaire contre la Corée du Sud ? Il est toujours extrêmement délicat de se livrer à un tel exercice de prévision, mais dans ce cas précis, je ne pense pas que nous nous trouvons à l'aube d'un embrasement. Le ton menaçant pris par Pyongyang est notamment la conséquence de la récente décision par Séoul de contribuer aux initiatives de lutte contre la prolifération prise suite à l'essai de lundi, mais il n'y a, à mon sens, rien d'extraordinaire à cela. A tout prendre, un silence nord-coréen aurait été plus surprenant — ce qui ne signifie pas bien sûr que la situation n'est pas préoccupante. Depuis des années, la Corée du Nord multiplie les tirs de missiles balistiques à capacité nucléaire, les essais nucléaires souterrains. Comment interprétez-vous les agissements nord-coréens ? Ces différents actes doivent être interprétés de multiples manières, en fonction de leur contexte propre : dans certains cas, il s'agit simplement de tester des capacités militaires en développement, qu'il s'agisse de la conception de leurs armes nucléaires ou des différentes techniques devant être maîtrisées afin de disposer d'un arsenal balistique efficace (séparation des étages des missiles, par exemple). Dans d'autres circonstances, Pyongyang a cherché à exhiber ces mêmes capacités, par exemple, pour prouver sa détermination et obtenir des concessions de la part des négociateurs des Pourparlers à six, tout en cherchant à dissuader les Etats-Unis d'une éventuelle intervention militaire. On sait que l'Iran et la Corée du Nord coopèrent sur le plan militaire. Quels effets, l'essai nucléaire nord-coréen, peuvent-ils avoir à Téhéran ? C'est là encore difficile à dire. Tout dépend notamment de l'optique dans laquelle se situe actuellement Téhéran, de la forme que prendra la réponse de la communauté internationale aux gesticulations de Pyongyang et des suites des événements dans la péninsule coréenne. En tout état de cause, c'est une opportunité pour Téhéran de réévaluer le mérite de chacune des options envisageables, qu'il s'agisse d'opter pour une logique de confrontation ou d'exploiter un contexte actuel lui étant plutôt favorable afin de se distinguer de Pyongyang. De nombreux pays en voie de développement comme l'Algérie soutiennent la légitimité des pays émergents à se doter du nucléaire civil au nom de la souveraineté nationale. Que pensez-vous de cette position ? Le droit de bénéficier de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques est reconnu par le Traité de non-prolifération nucléaire. Néanmoins, certaines des technologies utiles pour des usages civils sont « duales », et ont par le passé permis à des signataires du TNP — l'Irak, la Corée du Nord — de développer en secret un programme nucléaire à vocation militaire, qu'ils s'étaient engagés à ne pas poursuivre en signant le traité. Signer le protocole additionnel de l'AIEA, qui implique un dispositif d'inspection renforçant la transparence des activités de l'Etat signataire, fait partie des possibilités de limiter les risques que de tels scénarios se reproduisent.