Seulement, le syndicat a revu sa décision dans le fond et la forme. Il a opté pour trois journées de protestation avec arrêt de travail, suivi d'une assemblée générale qui décidera, lundi prochain, de la suite à donner à ce mouvement de protestation. Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a décidé de maintenir le mouvement de protestation prévu à partir d'aujourd'hui. Pourtant, le CNES avait décidé, le 23 mai dernier, date du dépôt du préavis de grève, conformément au code de travail, d'une grève générale de 15 jours. Ainsi, à la veille du débrayage, les pouvoirs publics ont tenu à rappeler au syndicat l'illégalité de son action. D'où le changement. « Nous sommes respectueux des lois de la République et notamment des décisions de justice. Toutefois, le CNES avait élaboré, pour justement palier pareil imprévu, deux options : soit la grève de 15 jours, soit 3 journées de protestation. Nous appliquerons le second plan », a souligné M. Rahmani. Par ailleurs, celui-ci est revenu sur la réunion qui a regroupé, lundi dernier, six heures durant, les responsables du CNES avec le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, et son staff, ainsi que sur les déclarations du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et la situation qui prévaut dans nos facultés et universités. Le porte-parole du syndicat a dressé, à cet effet, un tableau des plus noirs. De son avis, l'université algérienne est « malade de ses recteurs qui font la loi, de certains enseignants qui marchandent les notes ». Elle est tout simplement malade, car il n'y a jamais eu de stratégie universitaire. L'université algérienne d'aujourd'hui est devenue, selon lui, « un enjeu », une université où « l'on tue des enseignants » et « où l'on poignarde des étudiants ». « L'image de l'enseignant universitaire et de l'université est en nette dégradation, le mode de gestion de l'université est archaïque et ce qui lui fait encore mal, c'est le clientélisme créé par les recteurs ainsi que leur excès de zèle », a soutenu M. Rahmani. Le CNES, a expliqué le conférencier, n'a cessé de proposer et de négocier avec la tutelle depuis trois ans, mais il n'a rien vu venir sur le terrain. Il a demandé à maintes reprises l'ouverture de la négociation sur le régime indemnitaire d'autant plus que leur statut particulier est fin prêt depuis 14 mois, en vain. Ce n'est que cette semaine que le gouvernement a fini par répondre positivement à cette revendication. Dans ce sens, le syndicat ne comprend pas les tergiversations du pouvoir qui tourne systématiquement le dos aux travailleurs. « Nous avons fait des grèves pour l'ouverture d'un dialogue sur le régime indemnitaire, nous avons essuyé des refus catégoriques du gouvernement qui a bloqué et verrouillé ce dossier. Trois ans après, le pouvoir décide de revoir sa copie en débloquant le dossier, et ce, sans aucune excuse. C'est un comportement irresponsable », a fulminé M. Rahmani, en expliquant qu'avant le dépôt du préavis, aucune de leurs revendications n'a été prise en charge par la hiérarchie. Mais cette fois, M. Harraoubia s'est engagé à régler la question du logement en signant des préaffectations pour les enseignants concernés, ainsi que la mise en place de deux décrets – qui sont actuellement sur le bureau d'Ouyahia – portant sur la création d'un conseil d'évaluation de la gestion et de la formation et de la recherche scientifique. « Ces décrets seront incessamment signés et nos représentants vont siéger au sein de ces conseils et veilleront à ce que la gestion de ces créneaux se fasse de manière transparente. Nous avons l'affichage de toutes les décisions ainsi que le montant du budget alloué annuellement à l'université, et ce, afin de demander des comptes », a révélé le responsable du CNES, qui estime que leur souci immédiat est d'améliorer le rendement de l'université algérienne et de faire en sorte d'éradiquer la violence, qui règne dans les campus, à travers la mise en œuvre de la charte qui régit les relations entre les acteurs principaux, à savoir l'enseignant, l'administration et l'étudiant. Les enseignants affiliés au CNES débattront dans les prochains jours des résultats de la réunion avec le ministre et décideront de la suite à donner à leurs actions de protestation. « Le ministre a affiché une volonté de régler nos problèmes, mais cela reste à l'appréciation des membres du CNES », a précisé M. Rahmani.