Depuis l'adoption de la convention cadre de l'OMS, entrée en vigueur en 2005, par plusieurs pays visant à protéger les générations actuelles et futures des effets socioéconomiques, environnementaux et sur la santé dus à la consommation de tabac et à l'exposition à sa fumée, des initiatives se sont multipliées pour un monde sans fumée. Mais le fléau continue à faire des victimes et leur nombre risque d'être de plus en plus important dans les années à venir si rien n'est fait, notamment dans les pays en voie de développement. A l'occasion de la célébration de la Journée mondiale sans tabac aujourd'hui, 31 mai, l'Oms a rappelé que le tabagisme reste la « principale cause de décès évitable » dans le monde, faisant chaque année cinq millions de morts. L'organisation des Nations unies a exhorté à cette occasion les pays à illustrer les préjudices causés par le tabac à la santé de l'homme sur les paquets de cigarettes afin de faire réagir les fumeurs et réduire ainsi le tabagisme. « Les mises en garde sur les paquets constituent une stratégie simple, peu coûteuse et efficace qui permet de réduire considérablement le tabagisme et de sauver des vies », a expliqué le sous-directeur général de l'OMS, Ala Alwan, cité dans le communiqué rendu public vendredi dernier. Ces stratégies « ne sont utiles que si le risque est bien communiqué par le message. Les mises en garde comportant des illustrations des préjudices causés par le tabac sont particulièrement efficaces à cet égard et contribuent à des modifications des comportement », a-t-il ajouté. L'OMS estime ainsi que des images fortes, telles que celles de cerveaux saignant à la suite d'une attaque cérébrale, de dentures ravagées et de tumeurs apparentes, sont les plus efficaces. Il s'agit pour l'organisation de faire réagir les fumeurs car, selon elle, « rares sont ceux qui comprennent les risques spécifiques pour la santé » que provoque le tabac. Pour le directeur de l'initiative Pour un monde sans tabac de l'OMS, Douglas Bettcher, il est indispensable de contourner les stratégies de l'industrie du tabac qui, « pour survivre, doit détourner l'attention des effets mortels de ses produits » grâce notamment à « un conditionnement savamment conçu pour piéger de nouveaux consommateurs et éviter qu'ils n'arrêtent de fumer ». De plus en plus de pays, signale l'OMS, ripostent en exigeant que les paquets de tabac montrent de façon explicite les dangers du produit, comme le demande la convention cadre de l'OMS pour la lutte antitabac. Ils s'aident du programme d'assistance technique Mpower mis au point par l'OMS pour remplir les obligations que leur impose ce traité international. Il est prouvé que les mises en garde sanitaires, surtout celles qui comportent des images, incitent les gens à arrêter de fumer et rendent le tabac moins attrayant pour ceux qui ne sont pas encore dépendants. Malgré cela, 9 personnes sur 10 vivent dans des pays qui n'exigent pas la présence de mises en garde illustrées sur les paquets de tabac. A noter que l'Algérie, où la prévalence de consommation de tabac chez la population âgée de 25 à 65 ans est de 19,8%, est un des premiers pays du Maghreb à ratifier la convention cadre en 2006 et à élaborer un plan national de lutte contre le tabagisme, mais des actions sur le terrain tardent à venir. Pourtant, des textes de loi, notamment un décret exécutif de 2001, fixant les lieux publics où l'usage du tabac est interdit ainsi que les modalités d'application ont été promulgués. Fumer provoque des cardiopathies coronariennes L'Oms a décidé de faire cette année une campagne qui vise à réduire la consommation de tabac en améliorant la sensibilisation aux dangers qu'elle comporte. Elle cite certaines études réalisées à travers le monde qui révèlent que même chez les gens qui croient à la nocivité du tabac, rares sont ceux qui comprennent les risques spécifiques pour la santé. « Malgré cela, les mises en garde figurant sur les paquets dans la plupart des pays ne comportent pas d'informations rendant le consommateur attentif aux risques encourus », signale l'OMS en précisant qu'une enquête effectuée en Chine en 2009 a révélé que, respectivement, 37 et 17% seulement des fumeurs savent que le tabac provoque des cardiopathies coronariennes et des accidents vasculaires cérébraux. Une enquête de 2003 en Syrie constate que seule une petite minorité des étudiants universitaires reconnaît les maladies cardiovasculaires comme un risque lié à la cigarette ou au narguilé.