Le beau récital de guitare de Jorge Orozco, donné au conservatoire de musique Ahmed Wahbi, a clôturé jeudi, pour la ville d'Oran, le 5e Festival espagnol en Oranie organisé par l'Institut Cervantès. L'artiste espagnol a cru bien faire et entamant sa prestation avec l'interprétation de l'un des classiques répandus chez les amateurs de guitare, le Capricho arabe de Francisco Tarrega qui, d'après la notice de présentation du programme, est également connu pour avoir composé la Danza Mora après avoir séjourné à Alger au tout début du siècle dernier, influencé par le rythme du tambour. En réalité, Orozco a organisé son spectacle sur deux temps, dont le premier est consacré aux compositeurs ayant vécu durant la deuxième moitié du XIXe siècle, période charnière entre l'héritage romantique et les nouvelles tendances plus techniques du siècle suivant. L'enchaînement avec Asturias d'Isaac Albéniz, un des classiques les plus écoutés dans le monde, est presque logique, une manière de familiariser le public. Mais le grand mérite du guitariste valencien est d'avoir sauvé de l'oubli les œuvres d'Estanislao Marco, né en 1873, mais qui a vécu jusqu'en 1954. « J'ai acquis les partitions que je vais vous interpréter chez un commerçant dans un marché aux puces, qui les a lui-même récupérées dans une poubelle », indique-t-il avant d'entamer une partie du répertoire consacré à ce compositeur pour lequel il a initié une recherche sur sa vie et son œuvre qu'il a immortalisées dans deux enregistrements (CD) : Estanislao Marco vol. I et II. Pour la petite histoire, on apprend également que Marco a visité Oran en 1890 et a donné plusieurs concerts. Il était alors très jeune, mais, peut-être que parmi les morceaux joués à cette époque, quelques-uns ont inspiré ses compositions futures et reprises jeudi, comme par miracle, sous forme de valses, de tangos, etc. Des œuvres qui restent particulièrement mélodieuses, comme s'il avait du mal à se départir de l'héritage de ses aînés. La deuxième partie du spectacle a été consacrée aux compositeurs contemporains, dont le Français Roland Dyens (né en 1955), pour lequel il a interprété la Saudade n°3, une des 3 œuvres réalisées suite à un voyage au Brésil. Un passage en douce car la première partie du spectacle devait être clôturée par 3 pièces latino-américaines dont une d'inspiration, le tango en skaï du même compositeur français, un de ses maîtres qui l'ont beaucoup influencé. Mais le public a surtout retenu le morceau époustouflant intitulé A l'aube du dernier jour (Al Alba del ultimo Dia) d'un autre compositeur français, Francis Kleynjans (né en 1951), une œuvre tragique qui, explique l'interprète, « raconte les états d'âme, dans ses derniers moments de la vie, avant son exécution, d'un condamné à mort ».