Etanchéité mal entretenue, robinets défectueux, manque de personnel d'entretien et manque d'eau chaude (nécessaire pour le nettoyage des lieux et des abats), manque de crochets pour l'accrochage des carcasses…, demeurent autant de carences constatées au sein de cet abattoir depuis plusieurs années, et ce, en dépit des requêtes adressées aux différents responsables de la wilaya. La structure est très convoitée au quotidien par des particuliers pour l'abattage de leurs animaux (bovins et ovins surtout) et aussi par des fournisseurs de viandes rouges, notamment ceux travaillant avec l'armée et autres administrations. Lors de notre visite sur les lieux, la première chose qui a capté notre attention est la couleur rougeâtre du sol (présence de flaques de sang) ainsi que le nombre considérable de chats qui y circulaient en toute quiétude alors que des rongeurs (rats) et des chiens errants avaient même pu pénétrer les lieux, nous dit-on. La faïence posée sur les murs de l'abattoir est à la fois trouée et encrassée. Les portes ainsi que le mobilier de bureau métallique sont rouillés. Le lieu manque de lumière, indispensable pour un bon contrôle quotidien de la viande et des abats. Sur place, à l'occasion de deux visites, nous n'avons trouvé aucun responsable habilité à nous donner des informations. Toutefois, d'après un récent rapport établi par des vétérinaires et des inspecteurs du commerce, et dont le wali a été destinataire, les risques et les anomalies sont permanents dans l'abattoir en question et peuvent facilement provoquer des intoxications et des zoonoses à cause des bactéries et des parasites engendrés par le manque d'hygiène. Ce sont surtout les égorgeurs, qui y travaillent au noir, qui demeurent les plus exposés aux maladies transmises via les animaux. Même la roulette d'estampillage, comportant le numéro d'agrément et la mention «inspection vétérinaire» est défaillante. Le label prouvant la bonne qualité de la viande inspectée est souvent non lisible. Dans ce sens, les bouchers peuvent facilement être «sanctionnés» sous prétexte qu'ils vendent de la viande de provenance douteuse (abattage clandestin), alors que c'est la non-visibilité du cachet qui peut en être la cause. Toujours d'après le même rapport, le sol de l'abattoir est endommagé à certains endroits et demeure glissant à la fois, chose qui peut constituer un danger pour ceux qui fréquentent les lieux. Les vestiaires et les sanitaires de cette structure sont aussi dans un état déplorable. Sur les cinq chambres froides, trois sont en panne, et la scie électrique est défectueuse, comme quoi, rien ne fonctionne selon les normes au niveau de cet abattoir. Heureusement que les cinq vétérinaires qui exercent dans cette structure dans des conditions «très précaires», font de leur mieux pour préserver la santé des consommateurs et éviter le pire. Par ailleurs, l'emplacement de l'abattoir au niveau de la cité Aboudi commence à poser problème. Au début, le choix du lieu devant abriter cette structure s'était porté sur un endroit non urbain. Aujourd'hui, cette cité est devenue une «agglomération» à part entière. Résultat, ses habitants réclament sa fermeture puisqu'il devient gênant pour eux. «Nous assistons souvent à des scènes de refoulement d'égouts sanguinolents dans nos toilettes. Nos maisons ne cessent de puer les mauvaises odeurs et d'être un bon logis pour les moustiques et les rats. Nos enfants souffrent d'inflammations oculaires, de problèmes respiratoires et d'allergie», nous dira un habitant de la cité. Selon Kacem Hocine, P/APC de Blida, ses services devront avoir recours à la fermeture de l'abattoir pour le rénover et le rendre conforme aux normes. Cette information est à la fois rassurante et inquiétante à la fois pour les vétérinaires. «Nous craignons que suite à cette fermeture, il y aura prolifération de l'abattage clandestin, surtout quand on sait que c'est l'abattoir de Blida qui est le plus grand. Les autres structures sont de simples tueries qui sont réparties à travers le territoire de la wilaya et qui ne peuvent pas répondre à toutes les demandes», nous dira un vétérinaire. Enfin, la wilaya de Blida, forte de son million d'habitants, de ses nombreuses cantines universitaires, de ses hôpitaux et de ses nombreuses casernes militaires, mérite plus d'abattoirs qui répondent aux normes, dans des endroits plus adéquats.