Epidémiolgue de renom, président de l'Observatoire de lutte contre le tabac en Afrique, membre de l'Union international du cancer, membre actif de l'Américan cancer society et président de l'association Ennour de lutte contre le cancer de Sétif, le professeur Hamdi- Chérif, qui fait de la lutte contre la pandémie susnommée, son cheval de bataille, a bien voulu éclairer notre lanterne. Où en êtes-vous avec Dar Essabr ? Grâce aux autorités locales et aux donateurs de toute la wilaya, le chantier ne s'est pas arrêté. Terminer les gros œuvres, notamment les planchers (dalles) avant la fin de l'année en cours est notre objectif n°1. Pour cela, nous exhortons nos bienfaiteurs à nous alimenter en rond à béton et ciment. Le P/APC, que nous avons rencontré samedi, s'est de son côté engagé à sensibiliser certains opérateurs économiques de la ville, en mesure d'achever cet important lot, sachant que d'autres hommes d'affaires se sont engagés à prendre en charge les finitions, la boiserie ainsi que l'ameublement de la maison, qu'on souhaite livrer en juillet 2010, date d'inauguration du centre anticancéreux de Sétif (CAC). Que pouvez-vous dire à propos du cancer à Sétif ? L'implantation d'un CAC à Sétif n'est pas fortuite sachant que plus de 1 200 nouveaux cas de cancer sont connus chaque année. Le 1/3 de ces cancers est lié au tabac, dont une centaine est liée au tabagisme passif qui fait lui aussi des ravages en milieu professionnel. Beaucoup de nourrissons meurent subitement par la faute de leurs parents fumeurs. Le tabagisme est un véritable problème de santé publique. En parlant de tabagisme, peut-on avoir une idée sur le phénomène en Algérie ? Le tabac est une menace pour la santé dans notre pays. Sous l'effet de la transition épidémiologique et du développement des facteurs de risque, notamment le tabagisme chez les jeunes, le nombre de cancers pourrait doubler au cours des vingt prochaines années. Environ, 35 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués chaque année dans notre pays, dont le tiers est dû au tabac. L`augmentation de l`incidence des cancers pulmonaires au cours de ces dernières années suit la recrudescence du tabagisme. La localisation broncho-pulmonaire vient en première position chez l'homme avec un taux standardisé autour de 25 cas pour 100 000 habitants ; il représente 20 % des cancers, (selon le registre du cancer de Sétif). Les taux chez l'homme sont quatre fois plus importants que ceux de la décennie 1966-1975. L'incidence des maladies cardio- vasculaires et les autres maladies chroniques liées au tabagisme est en nette croissance. Où se situe la prévalence chez les jeunes ? Le taux de prévalence du tabagisme est de 28% : 43, % chez l'homme et 6, % chez la femme ; 50 % des fumeurs sont âgés de moins de 27 ans. La consommation de tabac a triplé au cours de ces dernières décennies, passant de 7,7% en 1978 à 28,68% en 1998 et 28,6% en 2005. La législation existe (loi de 1985, décret 2001, suivies de circulaires), mais l'application est faible ou inexistante sur le terrain. En prenant conscience du danger, des étudiants de la faculté de médecine et de nombreux lycéens, membres actifs de l'association Ennour, ne ménagent aucun effort pour réussir l'ambitieux programme, « Travaillons sans fumée », lancé par la fondation Pfizer et l'ASC (l'Américain cancer society), ciblant désormais le monde du travail, le plus exposé au tabagisme passif. Le travail sans tabac est désormais une nécessité pour ne pas dire une obligation. Que recherchez-vous à travers le programme « Travaillons sans fumée » ? Ce programme, qui fait partie d'une initiative mondiale vise, d'une part à améliorer la santé publique et à faire avancer, et d'autre part les programmes de contrôle du tabagisme. Notre association ayant ciblé 14 entreprises des deux secteurs, fait du forcing pour faire de quatre entreprises (ADE, ENPC, SAFCER et le groupe SADI) d'ici une année des entreprises sans fumée. L'objectif est à notre portée, d'autant plus que les managers ainsi que les salariés de ces entreprises adhérent à nos différentes actions de proximité. Les lycéens qui sensibilisent aussi bien leurs enseignants que parents s'impliquent de plus en plus. Les médias ayant à ce sujet un grand rôle à jouer, sont des partenaires incontournables dans ce combat. En atténuant les effets pervers du tabagisme dans toutes ses formes, en milieu professionnel, on protége nos familles, premières victimes du tabagisme passif.