Des gages, des actes n'arrêtent pas de réclamer les associations de défense de la diversité, comme Averroès ou le Conseil représentatif des associations noires (Cran). L'écran est désespérément blanc, à l'image de l'Assemblée nationale. Alors, promis, juré, France Télévisions mettra de la couleur sur l'écran. Son président, Patrick de Carolis, a mis en place, mercredi dernier, un comité permanent de la diversité, composé d'experts et de personnalités de la société civile, destiné à promouvoir la diversité ethnoculturelle à l'écran et au sein du groupe public. Le comité, annoncé en décembre 2008, sera présidé par Hervé Bourges, ex-patron de TF1, France 2, France 3 et du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), et membre de l'Observatoire de la diversité créé en 2008 par la Haute autorité audiovisuelle. Composé de 2 collèges et de 16 membres, il sera constitué à parité de personnalités extérieures et de collaborateurs internes. Parmi ces membres, figurent l'écrivain Tahar Ben Jelloun, Hakim El Karaoui, président du Club du XXIe siècle, Silhem Habchi, présidente de Ni putes, ni soumises, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, et des journalistes des différentes chaînes de France Télévisions. « Notre petit écran est blanc, parfois noir, rarement maghrébin et presque jamais asiatique », diagnostique Hervé Bourges. Il veut prendre exemple sur les cellules diversités mises en place à la BBC, Channel 4 ou la WDR (Allemagne). Les associations semblent dubitatives. Elles rappellent que France Télévisions avait nommé il y a cinq ans un « Monsieur diversité », Edouard Pellet, qui ne fait pas partie du comité. Il a d'ailleurs intenté un procès pour discrimination à l'encontre de son président. Pour Patrick de Carolis, la mission de « ‘'Monsieur diversité'' a permis certaines avancées en matière d'accès à la formation aux métiers de la communication pour ceux que leur origine sociale ou ethno culturelle tenait à l'écart. Il faut aujourd'hui aller plus loin et ne pas réduire l'action positive au travail d'un seul. Aujourd'hui, France Télévisions souhaite aller plus loin pour que la représentation de la diversité se fasse encore plus présente sur ses écrans et s'enracine à tous les niveaux de l'entreprise ». Le Cran s'étonne, pour sa part, de l'absence dans ce comité du club Averroès qui fait la promotion de la diversité dans les médias et se demande si l'instance mise en place n'est pas un comité alibi. « Pourquoi le Monsieur diversité de France Télévisions ne siège-t-il pas au... Comité diversité de France Télévisions ? Comment ne pas s'inquiéter de l'absence du Club Averroès de ce comité, alors que s'y trouvent pourtant des associations qui ne sont pas expertes de la télévision ou qui n'ont jamais émis de propositions dans ce domaine. Cela amène inévitablement à s'interroger sur les réels pouvoirs dont disposera ce comité diversité au sein de France Télévisions. Au vu de tous ces éléments, on peut légitimement se demander si le comité qui est mis en place aujourd'hui n'est pas un comité alibi », remarque Patrick Lozès. France Télévisions veut pouvoir « présenter demain un bilan qui soit non seulement positif, mais incontestable » en matière de diversité, affirme son président. A demain donc pour un bilan.