Qu'on ne s'y trompe pas, malgré toute la gadgétisation dont peut s'auréoler la machine technique — y compris l'immense écran et plasma —, il y a une détermination politique et de gestion qui peut participer à une uniformisation de programmation, jusqu'à rendre, dans le fond, en noir et blanc, une chaîne de télévision. Parce que la première des vertus de tous les outils techniques de communication — trop souvent pompeusement appelés aujourd'hui nouvelles technologies de communication NTIC —, c'est d'abord de saisir et rendre la diversité des réalités, sous le principe de la liberté de création et d'expression. La télévision algérienne d'Etat programme encore dans ce noir et blanc permanent. Mais on resterait dans l'obscurité à ne voir et parler que de sa version de la boîte. Les télés bougent à travers le monde ; elles continuent de remuer sous l'impulsion de forces diverses. Pour, à travers le petit écran mis en production à grande échelle par la firme américaine General Electric dès 1927, permettre aux programmateurs de souscrire à deux défis : élargir la palette des possibilités de choix d'émissions et satisfaire les attentes immenses des téléspectateurs. La logique du marché capitaliste a bien entendu saisi l'aubaine ainsi offerte ; au point que l'après-Seconde Guerre mondiale a inondé l'Europe libérée — grâce aussi en partie à l'armée américaine — d'images de Disney et autres networks émergents. Puis après, le monde entier. Dans le fil, même si différemment, la France, dont le ministre de l'Intérieur visite aujourd'hui l'Algérie, propose à entendre en même temps des signes de fermeture et d'ouverture. Ils nous forcent en tout cas à réaliser qu'une télévision nationale, ainsi que le système éducatif ne peuvent être des blocs figés éternellement. Cela, une association dans l'immensité de la cosmogonie existante en France l'a montré par son activité dynamique à défendre la diversité culturelle sur les écrans de la télévision du pays. Le Club Averroès, c'est son nom à l'association rappel de mémoire scientifique à laquelle l'Algérie est amarrée, a remis la fin de la semaine dernière au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) un rapport circonstancié sur le droit à l'image des composantes de la nation française. La télé française n'est pas encore, tant s'en faut, déclinée dans toutes les couleurs. Soit. Mais contre les stéréotypes et contre l'éthnicisation aussi, cette association peut aujourd'hui défendre une représentation dans les programmes du secteur public et privé. Ainsi elle fait avancer les droits citoyens en matière de médias. Sans oublier dans son rapport une note d'humour chère au travail dans ces espaces. Ainsi de l'étincelante chaîne Canal+ le rapport dit qu'elle est un « OVNI » dont « presque toutes les émissions en clair ont choisi de jeunes talents issus de l'immigration ».