L'arrivée de la Télévision numérique terrestre (TNT) n'a rien changé. La France cathodique est toujours aussi monochrome. Paris : De notre bureau La place des minorités visibles dans les médias est globalement restée figée au cours de l'année 2007 par rapport à 2006, selon un rapport du club Averroès, l'association qui défend le respect de ces minorités dans les différents médias. « Malgré des avancées timides – citons ici l'exemple de TF1 et de France 5 – la seule politique basée aujourd'hui sur le volontariat des décideurs audiovisuels reste insuffisante... et inacceptable. Ces initiatives éparses ne suffisent pas à éclipser des écrans et des pages de journaux désespérément... pâles », note avec humour le président de l'association, Amirouche Laïdi, sur son site Internet. Son diagnostic est sans appel. Pour lui, rien n'a changé. « Le constat s'impose, l'engagement en faveur de la diversité à la télévision française est globalement un échec. Le lancement de 15 chaînes via la Télévision numérique terrestre en est l'illustration la plus flagrante. A quelques exceptions près, aucune minorité n'est présente à l'écran. Aujourd'hui, seule une loi promulguant une politique des quotas permettra à des milliers de jeunes Français issus de l'immigration de sortir du triptyque caricatural dans lequel ils se sentent condamnés : immigrés, délinquants ou dans le meilleur des cas ‘'paumés'' des banlieues ! ». Cette année, il y a eu, selon le Club, moins de recrutements de journalistes issus de la diversité dans les rédactions en TV, quasiment pas en radio et très peu en presse écrite. Bon point tout de même pour la chaîne Direct 8 où quatre animateurs sur vingt sont issus de la diversité. Le club Averroes révèle qu'une note interne de « l'une des grandes chaînes hertziennes historiques », qu'il ne souhaite pas nommer, fait état, dans une étude commandée à un expert extérieur, que la chaîne a des pratiques discriminatoires en matière de recrutement, de salaires ou de promotion. « C'est en voyant des beurs, des blacks, des Asiatiques à la télévision et dans la presse écrite (et radio) à des postes de journalistes, d'animateurs, de comédiens, mais également à des postes d'encadrement et de responsabilité que l'image de ces minorités évoluera positivement dans l'opinion publique... et dans la vie réelle », explique Amirouche Laïdi. Selon lui, « le soufflet est retombé » depuis que le président Jacques Chirac avait invité les responsables de l'audiovisuel à faire un effort dans le sens de la diversité à la suite des émeutes dans les banlieues en automne 2005. En conclusion, le club Averroès souhaite un renforcement du rôle du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) dans la promotion des minorités dans les médias. Il demande notamment au CSA « de tenir compte de l'engagement des éditeurs en matière de diversité dans les futurs appels à candidature des radios numériques, des télévisions en haute définition et télévisions sur mobile ». La véritable question, toujours reportée, est l'instauration ou non des quotas dans les grands médias. Site Internet du Club Averroès : http://club-averroes.over-blog.com/