Le phénomène de l'immigration clandestine en Algérie traditionnellement alimenté par des candidats originaires exclusivement du sous-continent s'est élargi, ces dernières années, à un spectre de plus en plus cosmopolite de nouvelles vagues de migrants venus d'autres continents, d'Asie essentiellement : de Chine, d'Afghanistan, du Pakistan, d'Inde. Avec cette particularité que l'Algérie pour tous ces migrants, dont certains arrivent avec femmes et enfants, ne constitue plus, comme ce fut le cas jusqu'à ces dernières années, une terre de transit dans la perspective de rejoindre l'Europe, mais un pays dans lequel de plus en plus d'immigrants envisagent de s'établir et d'y résider. En 2008, les services de sécurité ont interpellé plus de 2000 migrants en situation irrégulière. Face au phénomène de l'immigration clandestine de ressortissants africains, les autorités algériennes ont privilégié la solution de l'expulsion. Cette option s'est avérée, avec l'expérience, une fausse solution. Car les candidats à l'immigration clandestine, parmi lesquels de nombreux expulsés qui retentent l'aventure autant de fois qu'ils le peuvent, continuent encore et toujours d'affluer vers notre pays. L'Algérie avait mis en place, en concertation avec les pays subsahariens limitrophes, un dispositif de reconduite à la frontière avec un volet social visant la réinsertion des migrants clandestins dans leur pays d'origine. Pour louable qu'elle puisse être, l'initiative ne paraît pas avoir produit pour autant l'effet escompté. L'ampleur du phénomène impose une stratégie de lutte qui devrait impliquer pleinement les pays du Nord, lesquels sont concernés tout autant sinon plus que des pays de transit comme l'Algérie par la question. Le travail de la police des frontières, dans lequel s'investit l'Algérie pour éviter que notre pays ne devienne une plaque tournante de l'immigration clandestine difficile à maîtriser si le phénomène n'est pas endigué le plus rapidement possible, s'il fait l'affaire des pays européens a pour l'Algérie un coût politique, financier et moral. L'Algérie qui a toujours accordé un intérêt particulier à sa politique africaine et dont des ressortissants vivent la même situation avec les sans-papiers établis en Europe et ailleurs, est mal avisée de faire la chasse aux migrants africains qui fuient leur pays pour des raisons économiques et qui se retrouvent en Algérie en transit ou pour y demeurer. Les scènes des descentes de police se lançant à la poursuite des immigrés africains en situation irrégulière au niveau de certains quartiers de la capitale où ils ont élu domicile ne cadrent ni avec nos valeurs, ni avec nos engagements politiques et ni avec les principes de la solidarité africaine dans lesquels s'inscrit l'Algérie. Mais il y a la loi c'est la loi ; elle est faite pour être respectée et s'impose aussi à nos « hôtes » qui se sont invités par des voies illégales chez nous. Face à la crise économique, le monde entier s'organise pour mieux maîtriser les flux migratoires et les filières clandestines de l'immigration. En Algérie, où le phénomène prend des proportions inquiétantes comme on le reconnaît désormais officiellement, on en est encore au stade du constat. On se borne à gérer les effets du phénomène au lieu de réfléchir à des solutions innovantes pour endiguer le mal en amont en concertation avec les pays pourvoyeurs d'immigrés clandestins et les pays européens qui doivent être pleinement associés aux efforts visant à mieux contrôler les flux migratoires. Dans le respect des lois du pays et de la dignité humaine.