Il y a quelques années seulement, la wilaya de Skikda était classée au hit parade en matière de production de liège. Normal, le chêne-liège occupe actuellement 80% des superficies. Mais que reste-t-il aujourd'hui du patrimoine forestier de Skikda ? La réponse est simple : pas grand-chose. Chiffres à l'appui, il se confirme que la production de liège a considérablement baissé ces dernières décennies. Jugez-en plutôt ! En 1983, la production avait atteint 43 461 q, alors que les prévisions de la campagne 2009, qui vient d'ailleurs de démarrer, ne sont que de 7 820 q. Un petit tour dans le passé est nécessaire pour comprendre la situation actuelle. Il en ressort ainsi que les premiers indices de dégradation de la forêt sont apparus au cours de la décennie noire avec les incendies liés aux activités agricoles et aux actes criminels, qui ont, en outre, favorisé la déperdition du patrimoine. Le facteur humain n'est pas en reste, puisque la forte présence de la population autour et à l'intérieur des massifs forestiers, notamment ceux de Collo, a significativement contribué à la réduction des espaces arboricoles, avec la perte de plusieurs hectares. La Conservation des forêts de la wilaya, consciente de cet état de fait, vient d'établir, à la demande de la direction générale des forêts, (laquelle s'est inquiétée du sort de la production de liège dans la wilaya) un point sur la situation où il est mentionné les principales causes de cette dégradation. Selon M. Khodja, chef de bureau gestion des produits forestiers, « de grandes quantités de liège sont exploitées illégalement, surtout depuis 1996 à ce jour. La conjoncture sécuritaire est pour beaucoup dans cette fâcheuse situation ; à titre indicatif, il a été saisi plus de 12 000 q entre 1999 et 2008 pour ne citer que ceux interceptés ; malgré toutes les mesures de contrôle mis en place, la forêt continue de subir des actes de vandalisme ». Et d'ajouter : « Au niveau de la forêt de Béni Médjaled, dans la commune de Ouled H'baba, par exemple, nous arrivions à atteindre une production allant de 5 000 et 6 000 q ; aujourd'hui, il n'en reste rien, les riverains recourent aux coupures illicites pour subvenir à leurs besoins. » Pour revenir à l'actuelle campagne de récolte, et selon les prévisions de la Conservation des forêts, la commune de Collo reste de loin la plus productive puisque estimée à plus de 4 112 q ; seulement, sur les 3 729 ha, seuls 836 sont exploitables ; le constat est pratiquement le même au niveau de plusieurs communes. À Cheraia et Béni Zid, par exemple, il est mentionné que 90 % des parcelles sont dégradées.