Ce qui est sûr, c'est que «l'implant cochléaire est une aide auditive. Il est destiné aussi bien pour les enfants que pour les adultes», comme l'affirme le Dr Mohamed Naït, maître-assistant en ORL à l'hôpital Mustapha Bacha. Près de 700 cas de surdité attendent d'être implantés au CHU Mustapha. A l'échelle nationale, ils seraient des milliers parmi ceux qui sont nés avec ce handicap et ceux qui ont perdu l'audition en grandissant (surdités congénitales évolutives). Chez les enfants déjà, on distingue la «surdité pré-linguale», et la «surdité post-linguale» qui apparaît à l'âge de 5 ou 6 ans, une fois le langage acquis. «Ces enfants sont candidats à la pose d'un implant cochléaire», selon le spécialiste. Un peu plus de 100 malades ont été implantés à l'hôpital Mustapha en 2008 qui a commencé cette activité en octobre 2003. «Pour l'année 2009, le nombre sera de 98 cas», selon le directeur de l'hôpital, Yahia Dahar. A ce titre, une procédure est en cours pour l'acquisition de 50 implants. Le dossier est au niveau de la commission nationale des marchés, précise le directeur de l'hôpital. Cela étant, l'implant cochléaire est recommandé aux personnes atteintes de surdité bilatérale, profonde, pour lesquelles les prothèses auditives n'apportent pas une intelligibilité de la parole suffisante. Ce système est indiqué pour des personnes devenues sourdes suite à des maladies, intoxications, traumatismes ou de vieillissement naturel de l'oreille. Il concerne également les enfants dont la déficience auditive est survenue à la naissance ou dans les premières années de la vie. «L'implant, qui est une cochlée artificielle, est destiné pour la surdité profonde, bilatérale et de perception», précise le Dr Mohamed Naït. Il reste que ce soit chez l'adulte ou l'enfant, il est important de pouvoir bénéficier au plus tôt de l'implant cochléaire. Plus la durée de surdité est grande, plus le cerveau perd l'habitude d'entendre, les circuits nerveux se modifient et la rééducation devient difficile. Cette urgence est encore plus grande chez le jeune enfant, car privé d'informations sonores, son cerveau s'atrophie. «Le réglage est plus ou moins difficile chez l'enfant», précise Dr Mohamed Naït qui insiste sur «l'implantation précoce». L'idéal est de procéder à l'implantation le plus tôt possible, avant l'âge de 2 ans. Les personnes atteintes de surdité ancienne, adultes ou adolescents, obtiennent des résultats moins convaincants. «Pour les sourds de longue durée, c'est trop tard car l'implant qui remplace le nerf auditif ne va rien donner», estime le Dr Benyahia. Il explique : «Le cerveau reçoit certes le son, mais ne reconnaît plus la parole. C'est un problème d'indications. Ce n'est pas tout le monde qui a besoin d'un implant», selon ce spécialiste. Autrement dit, si une personne n'a pas entendu de sons depuis plusieurs années et ne communique pas par la parole, elle bénéficiera beaucoup moins d'un implant. «Pour la surdité de longue durée, le cerveau est défaillant. La région destinée à décoder le son est colonisée par d'autres afférences. Donc, pour un tel malade, l'implant ne sert à rien. Il ne va pas en bénéficier, car il va juste entendre du bruit», explique le Dr Mohamed Naït. Cela, avant d'ajouter : «On ne peut pas implanter tout le monde, c'est une question d'indications et de bénéfices.» S'il est admis que l'âge n'est pas un facteur limitatif pour recevoir un implant, il faut par contre que la personne soit en assez bonne santé pour subir la chirurgie. Ce critère serait déterminé par un comité de surdité du CHU. «Dans les deux cas, il y a des indications pour placer cette prothèse», selon notre spécialiste. En ce sens, le Dr Mohamed Naït cite la durée de privation (la durée de surdité). Pour lui, «celle-ci ne doit généralement pas dépasser les 10 ans, mais il y a des exceptions.» Il ajoute : «parfois, il y a des contre-indications d'ordre anatomiques, telles les malformations majeures à la naissance, les enfants sans nerf auditif, les cochlées ossifiées et les autistes». «Les gens doivent toujours passer par un comité de surdité composé d'un chirurgien ORL, du psychologue, de l'orthophoniste et le régleur», précise-t-il. Les résultats découlant de l'implant cochléaire ne sont pas immédiats. Il y a tout un processus d'apprentissage par la rééducation orthophonique. Il faut donc du temps pour que la personne s'adapte au nouveau son et pour associer le son au sens. Pour réussir avec un implant, la motivation compte pour beaucoup. La personne qui songe à un implant devra consentir à mettre du temps et des efforts pour s'adapter à la nouvelle façon d'entendre. «Il faudra de la persévérance. La motivation des parents dans la rééducation est importante», note le Dr Mohamed Naït qui estime que le «niveau intellectuel des parents est important dans la réussite de l'implant». Autrement dit, si les parents sont démissionnaires, «l'implant ne réussit pas». Un implant cochléaire donne le meilleur résultat lorsqu'une personne a déjà eu accès à l'usage de l'ouïe et qu'elle a connu une perte auditive progressive. Cela étant, si l'intérêt d'un implant cochléaire ne fait pas de doute, il n'en demeure pas moins qu'il bénéficie actuellement qu'à un nombre limité de patients. Son coût élevé peut expliquer en partie cette situation. En Algérie, le prix d'un implant cochléaire est de près de 210 millions de centimes, plus environ 5 millions pour l'acte chirurgical, les réglages et le séjour hospitalier. Ces frais sont intégralement pris en charge par l'Etat. Un programme de lutte contre la surdité est initié par le ministère de la Santé chaque année en Algérie et ce depuis 2007. L'Etat dégage une enveloppe budgétaire chaque année pour l'achat d'implants.