La rébellion progresse dans l'est du Tchad où elle est entrée le 4 mai en provenance du Soudan voisin. «L'objectif final, c'est N'Djamena», a affirmé un responsable du mouvement rebelle. Les rebelles tchadiens, depuis lundi dans l'est du Tchad, ont été bombardés par les forces régulières mais il n'y a eu aucun combat au sol, affirme le ministre tchadien de l'Intérieur. Dans son communiqué, la rébellion a indiqué, elle, avoir «mis en déroute» les militaires et récupéré une douzaine de leurs véhicules, pendant que leurs hommes poursuivaient des soldats dans le sud-est du pays. En février 2008, le président tchadien avait déjà failli être renversé après que les rebelles tchadiens étaient entrés à N'Djamena. L'attaque avait été repoussée, notamment grâce à l'aide française. Formée au Soudan, l'alliance des rebelles tchadiens, ex-rivaux par le passé, affiche désormais son unité pour renverser le «régime dictatorial» du président tchadien Idriss Deby.«On n'a pas créé l'UFR (Union des forces de la résistance), alliance des principales factions rebelles du Tchad, pour discuter entre nous. L'affrontement avec Deby est devenu inéluctable», affirmait, quelques heures avant l'offensive (du 4 mai), le porte-parole de l'UFR. Avec l'UFR, c'est «l'intérêt commun» qui prime, selon Timan Erdimi, chef des rebelles, jamais autant de mouvements neuf au total n'avaient formé la même alliance. L'UFR, selon une source rebelle, s'est aussi considérablement renforcée avec des «centaines de pick-up et du matériel moderne». Elle est désormais équipée de missiles sol-air, selon un de ses leaders, soulignant la possibilité d'«abattre des hélicoptères» et ainsi de contrer un élément clé des combats : la force aérienne de l'armée tchadienne. «Vu les forces en présence, l'affrontement risque d'être sanglant. Malheureusement, cela sera beaucoup plus violent que lors des dernières attaques, estimait, il y a peu, un rebelle. Selon une source militaire française, «Idriss Deby s'est aussi équipé avec des avions de chasse et de nouveaux hélicoptères. Il a aussi mis en place un système défensif beaucoup plus performant qu'en février 2008». Les militaires tchadiens, également très sûrs d'eux, avaient assuré à l'époque que c'en était fini «à jamais» de la rébellion. Ce qu'infirment les événements de ces derniers jours dans l'est du Tchad. Le Tchad accuse le Soudan d'être à l'origine de la rébellion, et ce, quelques heures après avoir signé ensemble un accord de non agression mutuelle à Doha (Qatar). Le Soudan a démenti que ses forces ont pénétré au Tchad et affirmé que les événements dans l'est du pays mettaient aux prises rebelles et forces gouvernementales. «En déclenchant cette agression programmée contre le Tchad, le régime soudanais vient de renier la signature qu'il a apposée à Doha», a déclaré le porte-parole du gouvernement tchadien, Mahamat Hissène. A Khartoum, on dément toute incursion. «Je réitère l'affirmation de l'armée et du gouvernement soudanais qu'aucune incursion de forces soudanaises n'a eu lieu en territoire tchadien», a déclaré le chef du protocole du ministère soudanais des Affaires étrangères, Ali Youssef Ahmed. Le Tchad et le Soudan, qui ont repris en novembre leurs relations diplomatiques après plus de six mois de rupture, s'accusent régulièrement d'incursions mutuelles et de soutien à leurs rébellions respectives. Quant à la puissance alliée du Tchad, elle en appelle à l'ONU. Par la voix de son porte-parole au quai d'Orsay, la France souhaite que le Conseil de sécurité de L'ONU condamne fermement l'offensive des rebelles.