Le « marché des transferts » est en train de s'emballer et défie tout entendement. Des joueurs sont recrutés à coups de millions de dinars par des clubs qui crient famine tout au long de l'année. Miraculeusement, dès qu'arrive l'intersaison, les soucis financiers des clubs disparaissent comme par enchantement pour laisser place à une frénésie qui n'a pas de nom et qui finira un jour par emporter tout le football algérien. Ces transferts à coups de sommes faramineuses sont indécents. C'est une forme de violence contre les braves citoyens qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts, pendant que des « présidents à vie » rivalisent dans la surenchère pour enrôler de prétendues « stars » productrices d'ennui plutôt qu'autre chose les jours de match. Ces transferts bidon sont une dérive dont le football algérien ne se relèvera pas. « Les présidents à vie » qui sévissent dans le monde du ballon rond depuis des lustres ne font que creuser davantage la tombe du football. Dans leur sillage, ils ont entraîné les autres paliers de la pyramide du football. Cette discipline marche sur la tête. Des remords ? Ils en rient. Ce n'est pas leur argent. C'est celui des autres, c'est-à-dire des contribuables. Des fortunes mal acquises sont blanchies dans le circuit du football ; elles alimentent les réseaux de la corruption qui gangrène ce sport populaire. Ce sont aussi des commis de l'Etat qui mettent dans la balance tout leur poids « politique » pour garantir des mannes financières à des clubs par le biais d'entreprises et d'entrepreneurs locaux. Que de fois n'a-t-on lu et entendu ces personnes annoncer le versement d'importantes primes aux joueurs après une victoire ? Le font-ils avec leur propre argent ou sur le fonds du Trésor public ? Même les entreprises et sociétés nationales versent allégrement dans cette politique de deux poids, deux mesures vis-à-vis des clubs implantés sur le territoire national. Tout cela est favorisé par une néfaste proximité entre le football et la politique. Au bout de la chaîne, c'est la cannibalisation dans le football. Le plus « grand » et plus « gros » mange le plus petit avec la bénédiction de tous et sur l'autel d'une prétendue représentativité à l'échelle régionale et continentale. Dans ce concert malsain, les gardiens du temple (football) se remplissent les poches sans gêne ni crainte. Leur commerce prospère au su et au vu de tout le monde. Mieux encore, il est encouragé par la passivité, pour ne pas dire complicité de ceux qui ont pour devoir de protéger le football et la jeunesse. Cette gabegie n'a que trop duré ; elle pénalise lourdement et peut-être irrémédiablement le football algérien. Cette jungle dans laquelle beaucoup cherchent à maintenir notre football ne doit plus exister. Les « vedettes » du championnat national sont des doublures en équipe nationale. Rien de plus. Par quel miracle deviennent-elles de « grandes stars » que des clubs algériens s'arrachent à coups de millions de dinars ? Pendant ce temps, à l'étage en dessous, les jeunes et les petites catégories, sans oublier leurs staffs, souffrent le martyre pour assouvir leur passion même au sein des « clubs riches » qui n'accordent d'intérêt qu'aux « seigneurs », pardon, les seniors. En Europe, que d'aucuns prennent en exemple pour justifier leurs actes, le marché des transferts est réglementé et surtout contrôlé parfaitement à toutes les étapes. Chez nous, les transferts sont un marché de dupes. La valeur des joueurs est surévaluée à dessein. Afin que tout le monde trouve son compte et croûte allégrement le gâteau autour duquel sont rassemblés tous les prédateurs du football.