– Vous êtes vétérinaire consultant au zoo du jardin d'Essais depuis quelques mois, qu'avez-vous entrepris ? Le zoo du jardin a été complètement restauré, des moyens humains et financiers considérables y ont été consacrés. Nous avons réaménagé les cages et enclos dans l'optique de procurer aux animaux le plus d'espace possible et d'apporter des aménagements en rapport avec les conditions de vie de chacun. A titre d'exemple, l'espace vital des fauves a été multiplié par trois, un bassin a été construit pour les tigres (qui s'y baignent tous les jours) et les panthères, des troncs et souches d'arbres leur ont été fournis pour qu'ils puissent s'y faire leurs griffes, la grande volière a été complètement refaite, la hyène a bénéficié d'un enclos plus grand et d'une grotte, les enclos de l'alligator, des kangourous, des mouflons, de l'ours, des gazelles… ont été restaurés, de plus nous avons mis en place des tables alimentaires pour tous les animaux afin que ceux-ci aient un régime adapté et qu'ils ne manquent de rien. Une véritable clinique vétérinaire, dotée d'équipements modernes, y a été ouverte (c'est la première de ce genre en Algérie), gérée par une équipe de vétérinaires consciencieux et des animaliers qui leur apportent leur soutien afin que tous les moyens soient mis en place en cas de nécessité (nul n'étant cependant à l'abri d'un accident ou d'une maladie incurable). Un programme de reproduction a été lancé et d'ailleurs il y a déjà eu plusieurs naissances, notamment toutes sortes d'oiseaux, une gazelle, des cerfs daims… une panthère et nous en attendons d'autres. – Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Vu la faible superficie du zoo, nous avons des difficultés à agencer la répartition des différents animaux pour un confort minimum, de plus une partie du matériel spécifiquement vétérinaire n'étant pas disponible en Algérie, nous avons dû nous adapter avec du matériel à usage humain et enfin nous déplorons la non-disponibilité sur le territoire national de certains médicaments à usage vétérinaire, dont certains sont d'une importance capitale. – L'ouverture du jardin a mis à mal de nombreuses espèces végétales, mais également animales. Des animaux ont été malmenés par les visiteurs, pourriez-vous nous en dire plus ? Effectivement, nous avons été surpris par le comportement qu'on pu avoir certaines personnes. Des cigarettes allumées, des pierres, des boîtes de chique, différents objets ont été jetés sur les animaux, des gens ont essayé de frapper les bêtes, des poissons ont été la cible de lanceurs de pierres et même de voleurs. Les visiteurs ont aussi donné à manger aux animaux, ce qui peut leur porter préjudice et qui est strictement interdit. Ces comportements sont complètement irrespectueux. Ce zoo et ce jardin font partie de notre patrimoine, il appartiennent à tous les Algériens et nous nous devons de le préserver. Il faut signaler que ces agissements ne concernent que quelques personnes et que d'une manière générale les visiteurs sont ravis et respectent les bêtes. – A votre avis, que faut-il faire pour éviter ce type de problèmes ? Des mesures ont déjà été prises, à savoir augmenter le nombre d'agents de sécurité, mais aussi limiter les jours d'ouverture au public afin que les animaux puissent se reposer et surtout limiter le nombre de visiteurs, car le zoo ne peut en contenir plus d'un certain nombre, et tout semble rentrer dans l'ordre depuis que ce dispositif a été mis en place. Donc bienvenue et bonne visite à tous.